Quatre feux de palettes ont éclairé le ciel au-dessus de la zone industrielle du Havre (Seine-Maritime) dès les premières heures du matin, mercredi 8 mars, quand des salariés du site ont commencé à bloquer les quatre accès au secteur. Au lendemain de la manifestation, qui a réuni dans la ville normande entre 10 700 et 45 000 personnes selon les sources (gouvernement et syndicats), l’union syndicale n’est plus à l’ordre du jour et seuls les représentants locaux de la CGT, majoritaire parmi les dockers et les portuaires, ont décidé de « durcir le mouvement ». « On est aussi déterminés que notre président Macron, on monte d’un cran. Pas un camion ne peut rentrer ni sortir du secteur, assure Laurent Spain, secrétaire CGT de l’entreprise Chevron, arrivé sur le Pont 7 bis avant 5 heures. Notre but c’est de toucher nos directeurs, qui sont en discussion avec les politiques. »
Trois des quatre barrages sont ouverts aux questionnements, mercredi matin. Le pont 7 bis, le pont Rouge et le « rond-point TotalEnergies ». Le quatrième, à l’entrée du « territoire des dockers » comme disent d’autres habitués de la zone industrielle, n’est accessible « ni aux questions, ni aux photos ». On n’apprendra rien des motivations des dockers, qui ont organisé une « opération port mort » pour la journée, mettant à l’arrêt complet le premier port de France pour les conteneurs.
A l’entrée du pont 7 bis, une trentaine de personnes, uniquement des hommes, s’affairent sous une petite bruine. Atmosphère chaleureuse et mots d’ordre simplissimes : « Montrer les dents » et « On restera le temps qu’il faudra ». Arrive justement une cargaison de croissants et de pains au chocolat, autour de 6 heures. L’assemblée générale, organisée en début d’après-midi, a finalement décidé de lever tous les barrages et de ne pas reconduire les opérations de blocages. « On va se concentrer sur l’appel à la grève du 11 mars, puis sur d’autres types d’actions », explique Laurent Spain. Aucune déception n’est perceptible.
Environ 10 000 personnes travaillent sur ce site classé Seveso, indique le représentant syndical, auxquels s’ajoutent jusqu’à 8 000 sous-traitants : « C’est une fourmilière où l’on trouve toutes sortes de produits pétroliers. » Au rond-point « TotalEnergies », circulent chaque jour quantité de camions venus charger des produits pétroliers ou décharger d’autres marchandises. Mardi 7 mars, surpris par l’opération, de nombreux chauffeurs patientaient sur une bretelle d’autoroute en attendant la levée du blocage, finalement actée vers 16 heures. Le lendemain, le mot était passé et peu de monde s’est présenté.
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