Réforme des retraites : les caisses de grève, trésor de guerre des syndicats pour soutenir les manifestants

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De la tirelire remplie au compte-gouttes durant une manifestation aux cagnottes en ligne affichant des montants à plusieurs chiffres, les caisses de grève ont fait leur réapparition à mesure que l’opposition à la réforme des retraites montait en puissance au fil des journées nationales d’action – la huitième a lieu mercredi 15 mars. Elles apportent un soutien à ceux qui cessent de travailler et se privent d’une partie de leur salaire, d’autant plus essentiel dans un contexte de forte inflation.

Combien y a-t-il de systèmes de solidarité de cette nature ? Les multiples initiatives n’ont pas été recensées de manière exhaustive à ce jour, mais une cartographie interactive permet d’en localiser quelques-unes, comme l’indique le sociologue Gabriel Rosenman, ancien cheminot et militant de SUD-Rail, qui prépare une thèse sur le sujet. Fin 2019 et début 2020, lors de la mobilisation contre le projet de système universel de retraites, « jusqu’à 380 caisses de grève en ligne » avaient été dénombrées, rappelle-t-il.

Deux grandes pratiques se dégagent. L’une a une dimension sectorielle ou locale. Il s’agit en particulier de cagnottes en ligne ouvertes à l’initiative des sections syndicales ou des fédérations, comme la CGT-cheminots ou la CGT-énergie, et alimentées par des dons, dans le but d’aider des femmes et des hommes participant à « des grèves longues », précise M. Rosenman.

L’autre consiste à mettre en place des caisses abondées par des fractions de cotisations syndicales. Réservés aux adhérents, les fonds sont débloqués pour permettre aux personnes concernées – par exemple des travailleurs précaires – de participer aux démonstrations de force qui ont lieu au coup par coup, décrypte M. Rosenman.

Accompagnement juridique

Beaucoup de ces mécanismes disparaissent lorsque la lutte s’interrompt. Mais il y en a au moins un qui se distingue du lot : c’est la Caisse nationale d’action syndicale (CNAS), fondée il y a une cinquantaine d’années par la CFDT. Un dispositif « unique » en son genre, souligne Jean-Michel Denis, professeur de sociologie à l’université Paris-I-Panthéon Sorbonne et auteur d’une étude à ce sujet : la centrale cédétiste est, dit-il, la seule organisation en France « à avoir instauré, à l’échelon confédéral, un organisme permanent de soutien financier à ses adhérents grévistes ».

La CNAS est alimentée par une ponction de 8,6 % sur la cotisation versée par les personnes qui s’encartent à la CFDT. De nombreux dons spontanés sont également faits à la centrale de Belleville depuis plusieurs semaines, ce qui est sans précédent, pour Jean-Michel Rousseau, secrétaire confédéral chargé de la caisse : « On reçoit des mails tous les jours, des gens viennent déposer des chèques à notre siège. C’est la première fois que je vois ça. »

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