Le gouvernement nous l’assène sur tous les tons : « Il n’y a pas d’alternative ! » C’est le retour du « TINA » thatchérien, à la mode Elisabeth Borne : il faut travailler plus pour financer les retraites, car sinon le système ne survivra pas. Chacun sait qu’il n’en est rien, que nous sommes devant un choix purement politique : celui d’Emmanuel Macron de prouver à la droite – et au passage à nos partenaires européens qui s’inquiètent de l’ampleur des déficits français – qu’il est un réformateur.
Quitte à retenir la mesure la plus injuste de toutes : reculer l’âge de la retraite fera peser tout l’effort sur ceux qui ont commencé à travailler tôt, en exonérant largement les cadres et ceux qui gagnent le mieux leur vie et pratiquent des métiers moins pénibles. Le rejet est massif, dans la rue et au Parlement et je m’y associe pleinement. Cela étant, refuser cette régression n’exonère pas la gauche de réfléchir à ce qu’elle ferait si elle était au pouvoir.
Car au-delà de l‘injustice du projet actuel, il reste une réalité : le nombre d’actifs cotisants se réduit en permanence et n’est plus que de 1,7 pour 1 retraité. Le nombre de retraités nouveaux par an (700 000) et l’accroissement de l’espérance de vie augmentent les dépenses un peu chaque année.
43 annuités de cotisation, c’est déjà trop
Par ailleurs, intégrer des critères de pénibilité – ce qui est justice – aura forcément un coût, puisque les personnes concernées travailleront moins longtemps. Enfin, accroître le niveau des pensions les plus modestes, tenir compte des carrières hachées et des périodes de maternité pour les femmes aura un coût supplémentaire. Dire – ce qui est vrai – qu’il n’y a pas urgence ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire pour consolider notre système.
Depuis des années, le raisonnement se fonde sur trois indicateurs et toutes les réformes s’articulent autour de trois mesures possibles : la durée de cotisation, l’âge de départ en retraite et le montant des pensions. Le niveau des pensions n’étant pas une variable d’ajustement concevable, l’arbitrage est toujours rendu sur les deux autres variables : sous le quinquennat Sarkozy, ce fut le recul de l’âge pivot à 62 ans ; et sous le quinquennat Hollande, la fixation à 43 annuités de cotisation pour les personnes nées à partir de 1973.
C’est déjà beaucoup et il est impossible d’aller au-delà. On peut même penser que 43 ans, c’est déjà trop, y compris pour ceux qui font quelques études et commencent à travailler vers 22-23 ans : qui imagine que ceux-ci travaillent tous jusqu’à 65 ou 66 ans demain ? La droite peut être ; les progressistes non.
Il vous reste 59.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.