Ses mains se sont mises à trembler. Vingt-quatre heures se sont écoulées depuis l’intervention des pompiers pour éteindre l’incendie de Notre-Dame de Paris, survenu le 15 avril 2019, et la décision présidentielle, périlleuse, qui a autorisé un dernier assaut pour sauver l’édifice. « A la fin du jour d’après, je ressens enfin la peur », écrit Edouard Philippe, dans Des lieux qui disent (JC Lattès, 250 pages, 21,90 euros, 15,99 euros pour la version numérique), sorti le 13 septembre, en décrivant ce « tremblement nerveux ».
Une fragilité difficilement avouable dans des sphères où la puissance et le sang-froid tiennent lieu de valeurs cardinales. « J’admets parfaitement douter, souvent, avant de prendre une décision, parfois après, je peux tout à fait parler du fait que j’ai deux maladies auto-immunes, pour moi il n’y a là nulle faiblesse », explique l’ancien premier ministre au Monde des Livres, dans un entretien daté du 16 septembre.
Confession livrée par le chef du parti Horizons, à quatre ans de la prochaine élection présidentielle. L’allié « loyal mais libre » d’Emmanuel Macron cesse de citer Johnny et son « Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? » pour évacuer l’alopécie et le vitiligo qui ont profondément transformé son apparence, depuis son départ de Matignon, en 2020. Il est probable que ces deux maladies soient le fruit d’une réaction au stress. Mais ce n’est pas, dit-il, un signe de pusillanimité. Désormais, il assume la blessure devant les Français.
Edouard Philippe est « prêt », martèle son équipe. Y compris à endosser la charge présidentielle d’appuyer, ou non, sur le bouton nucléaire. « Un jour, je discutais avec des militaires hauts gradés (…), ils évoquaient la possibilité que cet ordre puisse revenir à quelqu’un qui n’aurait pas le cran de prendre une décision aussi périlleuse. Or à mes yeux, les gens les plus durs ne sont pas les gens les plus fermes dans la décision », argue-t-il, fustigeant « celui qui crie le plus fort et qui affirme la chose le plus “mâlement” ».
Le quinquagénaire, qui avait perdu six kilos en dix jours lors de son arrivée Rue de Varenne, n’est pas, encore, candidat à l’élection de 2027. Mais ses ambitions sont limpides. A ses yeux, le responsable politique qui prétendrait se moquer du prochain scrutin suprême, « eh bah il vous raconterait des caramels », lâche-t-il sur TF1, le 10 septembre. La sortie de son livre est une étape de son plan visant à le conduire sur le perron de l’Elysée.
Emmanuel Macron observe, de loin
Après son départ de Matignon, soldé dans Impressions et lignes claires (JC Lattès, 2021), son retour au Havre (Seine-Maritime) loin du « bavardage » parisien qu’il abhorre, la création de son parti en octobre 2021, ce nouvel ouvrage ambitionne de donner de la chair au conseiller d’Etat. Et d’ébaucher ce à quoi pourrait ressembler le « philippisme ».
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