Putain, quatre ans ! Pour les candidats à la succession d’Emmanuel Macron, qui ne se représente pas en 2027, la gestion du temps est l’une des données les plus délicates de l’équation. Jusqu’à quand rester à bord du navire macronien qui, à mesure qu’approchera la dead line, peut prendre l’eau ? Est-il plus pertinent de se préparer à la présidentielle à l’intérieur ou bien à l’extérieur ? Faut-il briller et se distinguer, ou rester prudemment en retrait ?
A Bercy depuis six ans, Bruno Le Maire semble connaître une période de flottement, liée à ces interrogations. Le ministre de l’économie, qui redoute d’être rattrapé par les conséquences du « quoi qu’il en coûte », alors qu’il se présente comme un tenant du sérieux budgétaire, donne l’impression de chercher un prétexte pour rompre, et ne pas s’abîmer. Des proches lui conseillent de quitter sans tarder un exécutif aux marges de manœuvre limitées, sous les effets conjugués de la perte de majorité et de l’impopularité. « Nous avons tous besoin d’une ligne de fuite », glissait-il le 22 avril dans Le Journal du dimanche, évoquant la publication d’un nouveau roman.
Gérald Darmanin n’est pas traversé par les mêmes tourments. Le ministre de l’intérieur a toujours évoqué 2024 – après les européennes et les Jeux olympiques – comme un premier moment de césure, pas avant. « Il est trop tôt pour le combat », confiait-il au Monde, à l’été 2022. Le premier qui fera mine de vouloir franchir la « ligne rouge » sera « handicapé », répète-t-il, en ajoutant « avant l’heure, c’est pas l’heure ». Lui doit d’abord obtenir des résultats, en espérant aussi que le quinquennat soit crédité de quelques succès. « Si le président rate, il n’y aura pas de successeur chez le président », assène-t-il.
Risque d’éparpillement
A l’extérieur, l’ancien premier ministre Edouard Philippe, parti le premier, est lancé dans une interminable course de fond. Le plus populaire mais aussi le moins exposé, il doit tenir dans la durée. Pour l’heure, il a choisi la « stratégie du bâton de pèlerin », sillonnant sous les radars la France des sous-préfectures. Le maire du Havre soigne les élus, travaille les idées (il écrit un livre) et organise son parti (Horizons). Et il se tait, en retrait du spectacle « désolant » (dixit un proche) que constitue la vie politique depuis un an, convaincu qu’il n’y a rien à construire sur ces sables mouvants.
Son successeur, Jean Castex, qui a dit en quittant Matignon qu’il repartait dans sa maison pour « repeindre ses volets », cultive un profil pompidolien. Mais s’il pense à 2027, l’ancien premier ministre refuse de s’organiser et veut d’abord réussir à la tête de la RATP, dont il entend faire le laboratoire du « castexisme » (dialogue social et proximité). Au sein de la majorité, il a des inconditionnels. Dont le ministre du budget, qui se plaît à l’imaginer à l’Elysée, quand il ne pense pas à lui-même.
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