Pollution de l’air : le Sénat met en avant des avis négatifs sur les zones à faibles émissions

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Un succès et un échec. La consultation lancée par le Sénat sur la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE) – pour lutter contre la pollution de l’air dans les grandes agglomérations – a recueilli de nombreux avis. Du 17 avril au 14 mai, 51 300 personnes ont répondu à l’un des deux questionnaires – pour les particuliers ou pour les professionnels – mis en ligne, et 40 000 autres internautes y ont apporté une réponse partielle. Le précédent record datait de 2018, avec la consultation consacrée à la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes départementales : 23 000 réponses. C’est dire si le sujet concerne la population, et l’irrite : car la consultation montre que la mise en place des ZFE est, à ce stade, un échec.

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En effet, 86 % des particuliers (le cas de neuf répondants sur dix) et 79 % des professionnels sont contre leur déploiement, d’après les résultats de cette consultation, parue jeudi 25 mai. Et 83 % d’entre eux n’envisagent pas de changer de voiture. « Le dispositif échoue à produire des changements », note Philippe Tabarot, sénateur Les Républicains des Alpes-Maritimes, qui présentait les résultats de la consultation.

Or les ZFE visent justement à révolutionner la façon de se déplacer pour améliorer la qualité de l’air respiré en ville : les quarante-trois plus grandes agglomérations de France de plus de 150 000 habitants doivent créer la leur d’ici à 2025, et exclure progressivement les véhicules les plus polluants. Si la qualité de l’air ne s’améliore pas assez vite, la loi prévoit que les véhicules avec une vignette Crit’Air 5 (les plus polluants) seront automatiquement proscrits en 2023 ; les Crit’Air 4 en 2024 et les Crit’Air 3 en 2025. A ce jour, onze métropoles ont déjà mis en place leur ZFE, dont Paris, Lyon, Toulouse ou Grenoble.

« Mesure antibanlieusards »

Les Français ayant participé à la consultation du Sénat, qui n’est « pas un sondage représentatif », souligne Philippe Tabarot, sont inquiets. « Plus on connaît la ZFE, moins on y est favorable », estime le sénateur.

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Les résultats montrent, sans surprise, que le lieu où on habite influe sur l’opinion que l’on porte sur cette mesure. Plus le répondant réside loin du centre de l’agglomération, moins il y est favorable : seuls 8 % de ceux installés dans une commune rurale soutiennent la mesure, contre 23 % des habitants du centre-ville. De même, plus on dispose de solutions alternatives à la voiture (la marche ou les transports en commun), plus on est favorable à la ZFE.

Surtout, la consultation confirme la forte dimension sociale du problème. Alors que seuls 14 % des particuliers approuvent la réforme, ils sont 25 % chez les cadres et 28 % chez les étudiants. « Le principal critère d’acceptabilité, c’est le niveau social, rappelle M. Tabarot. Les plus pauvres, qui habitent en dehors des ZFE, sont les plus défavorables. » Dans leurs commentaires, les internautes ont dénoncé une « mesure antibanlieusards ou antiprovinciaux », constate-t-il. Quatre répondants sur dix possèdent un véhicule Crit’air 3, 4, 5 ou non classé, soit les plus polluants et donc les premiers visés par les ZFE.

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