Planification écologique : Macron et Borne face au mur des choix douloureux

0
11

Soudain, au printemps, les notes de synthèse sont tombées du ciel. A destination du président de la République, de ses conseillers, de son secrétaire général, des ministres en cours… Fin avril, Emmanuel Macron avait demandé à ses troupes de lui faire remonter les idées. Au milieu des messages Telegram de macronistes un peu déboussolés par la réforme paramétrique des retraites, une expression est revenue très souvent : la transition écologique. « Il faut qu’il y ait un grand moment lié au climat au mois de juin, avant le début des vacances estivales, plaide, en écho à d’autres députés, Jean-Marc Zulesi, président Renaissance de la commission du développement durable. Après les retraites qui ont occupé l’espace, avant les canicules, nous devons montrer que nous pouvons embarquer les Français dans notre vision d’une écologie positive. »

Cette semaine, le gouvernement avait commencé à se déployer pour tenter d’incarner un défi unique : la neutralité carbone en 2050. Lundi 22 mai, la première ministre, Elisabeth Borne, a présidé un Conseil national de la transition écologique où elle a dessiné les courbes filière par filière. A grand renfort de PowerPoint, elle a fixé la première cible : 270 millions de tonnes équivalent CO₂ en 2030 contre 408 millions en 2022.

Jeudi, Emmanuel Macron devait illustrer cet engagement en consacrant un déplacement à l’environnement dans le Var. Et puis l’actualité de court terme a, comme souvent, bousculé le combat du siècle, le chef de l’Etat ayant plutôt choisi de se rendre, ce jour-là, à un hommage national consacré aux trois policiers tués dans un accident de voiture à Roubaix (Nord). « Ce n’est pas annulé, simplement reporté, précise l’Elysée. Nous arrivons au terme d’une année où le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) a travaillé, sous les radars, et tout ce qui a été semé va bientôt être moissonné. »

Reste à savoir comment traduire politiquement un tel défi fait de courbes, d’objectifs, de sigles et d’angoisses… Et comment aider les Français à y voir plus clair au milieu d’un ensemble de plans qui auront un impact sur leur vie quotidienne. L’exécutif est au pied du mur. En à peine quelques mois, le gouvernement va devoir réviser la stratégie nationale bas carbone, la programmation pluriannuelle de l’énergie, finaliser le plan national d’adaptation au changement climatique et projeter le tout dans une loi de programmation sur l’énergie et le climat.

« Un récit très technocratique »

Lundi, Mme Borne n’est pas rentrée dans le dur : les arbitrages sur les mesures concrètes restent à prendre. L’exécutif promet de dévoiler sa copie fin juin ou début juillet, autour d’un conseil de la planification écologique. « D’un côté, on a M. Macron qui n’a jamais intellectualisé sa pensée sur le sujet. De l’autre, on a Mme Borne qui délivre un récit très technocratique », résume abruptement le député Antoine Vermorel-Marques (Les Républicains, Loire), coauteur d’un rapport sur le respect par la France des accords internationaux en matière de climat.

Il vous reste 64.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici