Le 24 septembre est une date très importante pour les indépendantistes calédoniens et ils ne pouvaient manquer d’en marquer la portée en 2023, au moment où l’Etat espère écrire dans la Constitution, d’ici à la fin de l’année, un nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie. Ce prochain 24 septembre sera la date du 170e anniversaire de la prise de possession du territoire kanak par la France, en 1853. Ce jour sera aussi celui d’un scrutin – les élections sénatoriales – habituellement très secondaire pour la politique locale mais qui, pour la première fois, pourrait conduire un indépendantiste au Palais du Luxembourg.
Dans un communiqué publié jeudi, l’Union calédonienne (UC), principale composante d’un Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) très divisé, annonce « suspendre toutes les rencontres avec les représentants de l’Etat, y compris les réunions techniques, jusqu’à la tenue du congrès annuel du mouvement qui se réunira du 9 au 12 novembre à Kwenyii ». Elle appelle ses troupes à se mobiliser, dimanche 24 septembre, sur la mémoire coloniale, et les grands électeurs à soutenir Robert Xowie, son candidat au Sénat.
Une semaine après les discussions de Paris, au cours desquelles l’exécutif a réussi à rassembler les responsables politiques loyalistes et indépendantistes devant lui, c’est une mauvaise nouvelle, même si elle était un peu attendue. L’Etat avait indiqué qu’il respecterait le calendrier du FLNKS. Il espérait néanmoins que se tiennent des réunions entre tous les acteurs à Nouméa, jusqu’à la venue, fin octobre, du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, sur le Caillou. « La méthode de l’Etat Macron est toujours aussi fumeuse, hasardeuse et démunie de sens », tranche le parti indépendantiste.
A la fin d’une semaine de discussions, Emmanuel Macron a reçu, vendredi 8 septembre, tous les acteurs pour marquer l’investissement au plus haut niveau de l’Etat dans le dossier. La première ministre Elisabeth Borne avait engrangé, mercredi 6 septembre, la première photo de famille depuis 2019. Et Gérald Darmanin, pilote depuis dix mois des innombrables échanges préparatoires, a été remercié pour son écoute. Gouvernement et loyalistes ont donc salué de premières rencontres « trilatérales » décisives pour imaginer, enfin, la suite prévue de l’accord de Nouméa de 1998.
« Trente ans en arrière »
Le secrétaire général de l’UC, Pierre-Chanel Tutugoro, rappelle que ses mandants « n’ont engagé aucun débat avec les non-indépendantistes ni aucune négociation avec les ministres présents ». La posture reste celle d’avant la négociation : dure.
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