Pour Martine et Anne, amies qui défilent ensemble à Dijon, « c’est maintenant ou jamais que tout se joue »
Martine est professeure des écoles et a 55 ans. Sa pancarte, samedi après-midi à Dijon (Côte-d’Or), résume tout ce qu’elle pense de la réforme : « Du mal ! ». A son côté, son amie Anne, 60 ans dans deux mois, éducatrice spécialisée pour enfants handicapés, pense qu’elle ne pourra pas « prendre [sa] retraite avant 69 ans, malgré [ses] trois ans de congé parental » et alors qu’elle n’a connu « qu’une dizaine de mois de chômage dans [sa] vie ».
Les deux manifestantes sont là « comme citoyennes et femmes ». La réforme, dont elles ne doutent guère qu’elle sera actée, est pour elles « une arnaque ». Explication commune : « Il n’y a pas de problème de financement des caisses, on trouve de l’argent pour faire la guerre et on peut en récupérer en luttant contre l’évasion fiscale. »
Convaincues que la réforme « sert à détourner l’attention » des vrais sujets, le « spectacle » politique les désespère. « Chacun joue son rôle, le gouvernement, les oppositions, les syndicats, on a l’impression d’être au théâtre », dit l’une. « Avec des répliques toutes faites », renchérit l’autre. L’issue est pour elles attendue : « C’est maintenant ou jamais que tout se joue. Il faudrait de vrais blocages, mais bon… »
Martine et Anne n’ont plus d’illusions. « Que le projet du gouvernement capote, j’en doute quand je vois comment le débat se passe avec les procédures utilisées, avoue l’institutrice. On parle de l’âge de départ mais presque pas de la durée de cotisation. Or cela revient au même, finalement. »
Si la réforme est adoptée, quelle que soit la manière, poursuivront-elles leur combat ? Les deux femmes se regardent, hésitent, avant de répondre : « Oui, bien sûr, on voudrait bien, mais qu’est-ce qu’on pourra faire ? »