Macron mûrit sa « conférence sociale » depuis le printemps

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Il est près de 2 h 30 du matin, la soirée touche à sa fin. Depuis les bancs de l’école de la Légion d’honneur à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mercredi 30 août, le patron du MoDem, François Bayrou, s’apprête à se lever de sa chaise pour partir quand Fabien Roussel, son homologue du Parti communiste français, relance Emmanuel Macron. Ce dernier réunit depuis 15 heures les chefs de parti représentés au Parlement pour parler des grands sujets du pays, de la politique internationale, des institutions et de la capacité de la France à « faire nation » après les émeutes de début juillet. L’épuisement guette la plupart des convives quand le communiste ferraille encore avec le chef de l’Etat pour faire émerger le sujet du pouvoir d’achat, des charges qui écrasent les plus modestes et des salaires trop bas. « Le travail ne paie pas ! », lance-t-il au président de la République

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« C’est vrai, il y a un problème. Il faut que ça se règle par le dialogue social », répond Emmanuel Macron. Personne n’objecte. Un consensus est trouvé après douze heures de débat. Le chef de l’Etat peut faire valoir son sens de l’écoute et quitter la rencontre de Saint-Denis avec un objet porté par une gauche jugée, selon l’Elysée, « constructive ». A peine les participants ont-ils quitté l’ancienne abbaye royale qu’ils apprennent par les conseillers du président que le principe d’une « grande conférence sociale » est validé au sommet de l’Etat pour parler « carrières » et « branches situées en dessous du smic ». C’est acté, confirme la première ministre, Elisabeth Borne, devant les députés de la majorité, conviés à dîner, lundi 4 septembre.

Virevolte idéologique

Les contours de cette grand-messe sociale, prévue dans le courant du mois d’octobre, devraient être précisés par le chef de l’Etat lors du séminaire gouvernemental qui devait se tenir mercredi 6 septembre. Les participants des rencontres de Saint-Denis n’avaient pourtant pas encore reçu, mercredi, les conclusions de ce raout pour l’amender. Déjà le ministre du travail œuvre en coulisse. Après avoir reçu Marylise Léon, représentante de la CFDT, lundi, Cyril Chabanier (CFTC), mardi, Olivier Dussopt devrait accueillir rue de Grenelle les représentants du patronat, François Asselin (CPME) et Patrick Martin (Medef), ainsi que les autres forces syndicales dans les prochains jours.

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Coutumier des virevoltes idéologiques et tactiques, Emmanuel Macron renoue avec une pratique qu’il jugeait, pourtant, hier désuète et sans effet. Et remet au centre du jeu les corps intermédiaires dont il s’est longtemps efforcé de minimiser le rôle. « Je souhaite un syndicalisme moins politique. On a besoin de corps intermédiaires mais à la bonne place », expliquait au Parisien celui qui n’était encore que candidat à la présidentielle en mars 2017. « On a un président qui voulait réinventer le monde et qui en revient aux initiatives favorites de son prédécesseur, François Hollande », moque Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs Les Républicains (LR), reconnaissant, toutefois, l’intérêt de la démarche.

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