Loi de programmation militaire : un débat sous vigilance à l’Assemblée nationale

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Après des mois d’allers-retours et au moins autant de retards, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 arrive enfin à l’Assemblée nationale, ce lundi 22 mai, où elle sera débattue durant une quinzaine de jours. C’est un texte d’une importance majeure pour les armées, puisqu’il planifie quelque 413 milliards d’euros de dépenses militaires jusqu’en 2030, dans un contexte international très dégradé à cause de la guerre en Ukraine et à un moment de grande fragilité politique pour l’exécutif, deux mois seulement après le débat sur la réforme des retraites.

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« Tout peut basculer à n’importe quel moment », estime un observateur avisé, en référence à l’absence de majorité absolue pour le gouvernement dans l’Hémicyle. Les sujets de défense donnent d’ordinaire rarement lieu à des batailles politiques, mais la future LPM fait malgré tout l’objet, depuis plusieurs semaines, d’une vigilance serrée. En particulier de la part du ministre des armées, Sébastien Lecornu, conscient que ce texte devrait constituer son principal legs politique à ce ministère, un certain nombre d’arbitrages engageant la France sur plusieurs dizaines d’années.

Depuis le 9 mai, cette surveillance rapprochée s’est traduite par un suivi in extenso, de sa part, de l’examen préalable du texte et de ses quelque 700 amendements en commission de la défense de l’Assemblée nationale. Exit aussi les déplacements à l’étranger : ces dernières semaines, son agenda a été en grande partie consacré à une méthodique tournée dans plusieurs régiments de l’armée de terre, où la LPM prévoit les transformations les plus lourdes – baisses du nombre de blindés, réorientation vers le cyber et les drones.

Sanctuarisation des ressources

« Je suis plutôt optimiste, même si je ne suis pas béat », estime, pour sa part, Jean-Michel Jacques, député (Renaissance) du Morbihan, désigné rapporteur du projet de loi. Cet ancien commando marine, infirmier pendant plus de vingt ans au sein des forces spéciales françaises (1988-2010) – dans les commandos Trepel et Jaubert, notamment –, a lui aussi préparé les débats à l’Assemblée nationale au millimètre.

Un travail de dentellière que reflète le tableau des 229 amendements adoptés en commission. A l’issue de trente-trois heures de débats, le 12 mai, Renaissance pouvait afficher 120 amendements au compteur sans que les oppositions les plus remuantes ne soient oubliées. Les Républicains (LR), le Rassemblement national et La France insoumise (LFI) ont, à une unité près, tous obtenu le même nombre d’amendements, soit six ou sept chacun. Les écologistes n’en ont eu qu’un seul, mais sa portée se veut symboliquement importante : il concerne l’inscription, noir sur blanc, dans la LPM, du changement climatique « comme un facteur de changement profond pour les armées ».

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