Le logement est en crise : tous les élus partagent le même constat, et pourtant, le dossier est absent de l’agenda du gouvernement. Le premier poste de dépense des ménages « est le sujet numéro un qui remonte aujourd’hui auprès des députés, tous partis confondus. Nous n’en avons pas assez parlé ces dernières années », reconnaît Lionel Causse, député (Renaissance) des Landes et président du Conseil national de l’habitat. « Tous les jours, on vient me voir pour m’en parler, des familles qui s’agrandissent coincées dans des T2 ou des couples qui se séparent et ne trouvent pas de solution. Nous n’arrivons pas à répondre aux besoins », abonde Gabriel Doublet, président (Horizons) de l’agglomération d’Annemasse (Haute-Savoie).
Sur le plateau de France 2, au soir de la neuvième journée de mobilisation contre les retraites, le 23 mars, Olivier Marleix, député d’Eure-et-Loir, président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, a été l’un des rares à relayer à une heure de grande écoute cette inquiétude : « Il y a un vrai problème de logement dont il faut parler. Ce qui fait perdre de l’argent aux Français au quotidien, c’est le logement. Aujourd’hui, l’explosion des prix appauvrit beaucoup de Français. »
L’exécutif est resté sourd à ces signaux, et le ministre délégué au logement, Olivier Klein, s’est révélé impuissant à pousser ses dossiers auprès du président de la République et de la première ministre. Illustration de cette incapacité à remporter des arbitrages ou à donner une impulsion : en octobre 2022, M. Klein s’engage à empêcher les propriétaires des logements énergivores de les louer sur les plates-formes de locations touristiques. « Il est hors de question que les propriétaires de passoires thermiques se réfugient [sur Airbnb] », déclare-t-il.
Huit mois plus tard, la mesure se fait encore attendre.
C’est finalement une proposition de loi cosignée par des députés du camp présidentiel (Renaissance, Horizons et apparentés) et par le député socialiste des Pyrénées-Atlantiques Inaki Echaniz qui la portera. Le texte doit être débattu en juin à l’Assemblée nationale. « J’ai prévenu Olivier Klein qu’il allait se faire déborder par plusieurs propositions de loi dédiées au logement et qu’il prenait le risque de ne rien imprimer pendant son mandat », signale un député de la majorité qui va joindre sa signature à l’un de ces textes.
Autre exemple, un « temps d’échange » entre le ministre et la presse, prévu en mars, a été reporté à quatre reprises, puis abandonné. Olivier Klein souhaitait annoncer un plan en faveur du logement fin avril, mais il s’est finalement effacé devant Elisabeth Borne, qui, dans sa feuille de route, retiendra une mesure de soutien à la promotion immobilière et au secteur de la construction.
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