L’invitation de Narendra Modi par Emmanuel Macron au défilé du 14-Juillet, un mauvais calcul

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Emmanuel Macron a décidé de dérouler le tapis rouge au premier ministre indien. Narendra Modi sera l’invité d’honneur du défilé militaire du 14-Juillet à l’occasion de la fête nationale, qui célèbre la prise de la Bastille, la victoire du peuple et son émancipation, la liberté, l’égalité et la fraternité, autant de valeurs fragilisées dans le sous-continent depuis l’arrivée au pouvoir du nationaliste hindou en 2014. Une réalité que la France a choisi d’ignorer.

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La décision du président de la République prend une tonalité particulière, car elle intervient au moment où le pouvoir indien a franchi une nouvelle étape dans son évolution autoritaire. Le principal représentant de l’opposition, Rahul Gandhi, a été écarté de la compétition pour les élections générales de 2024. Il a été démis de son mandat de député et déclaré inéligible pour six ans, après avoir été condamné à deux années de prison pour des propos ironiques jugés diffamatoires, prononcés lors de la campagne électorale de 2019 à l’encontre de son adversaire, Narendra Modi.

L’héritier de la prestigieuse dynastie Nehru-Gandhi, qui a donné trois premiers ministres à l’Inde, était devenu gênant pour le pouvoir. Il demandait haut et fort des explications au premier ministre sur ses relations avec le milliardaire Gautam Adani, après la publication d’un rapport explosif, le 24 janvier, de la société Hindenburg Research qui accuse l’homme d’affaires d’une fraude gigantesque.

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« Pour la première fois, la réputation d’incorruptibilité dont jouit Modi en Inde est sérieusement mise à mal », estime Achin Vanaik. Pour cet ancien professeur de science politique de l’université de Delhi, qui signe une tribune dans le magazine américain Jacobin, le gouvernement Modi et les forces de l’hindutva qui œuvrent pour l’avènement d’une nation hindoue « cherchent à établir une ethnocratie de fait ». « Cela, écrit-il, ne nécessite pas l’élimination complète de la démocratie libérale et des droits associés, ce qui pourrait être contre-productif, car il faut convaincre la population majoritairement hindoue d’accueillir favorablement ce projet, mais cela nécessite de rendre caduques les structures de la démocratie. »

« Braconnage électoral »

L’indépendance de la presse et celle de la justice, deux piliers de la démocratie, ont été sérieusement ébranlées depuis 2014, et la liberté d’expression, drastiquement réduite. Témoigner, contredire, manifester, enquêter, tweeter peut conduire directement en prison en Inde. Le gouvernement utilise des lois draconiennes de l’ère coloniale pour arrêter intellectuels, journalistes et activistes.

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