Les violences contre les maires continuent de progresser en 2023

0
13

Le pourcentage avait frappé les esprits. Entre 2021 et 2022, les atteintes verbales ou physiques à l’encontre des élus locaux, notamment les maires et leurs adjoints, ont connu un bond de 32 %, passant de 1 720 à 2 265. Les statistiques présentées par la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, Dominique Faure, dimanche 19 novembre, dans Le Journal du dimanche, montrent que ce n’était pas un accident de parcours. Au 12 novembre, 2 387 atteintes aux élus ont été enregistrées. Cela laisse augurer un bilan dépassant 2 600 atteintes à la fin de 2023, soit une augmentation d’environ 15 % par rapport à 2022. Les violences physiques restent toutefois minoritaires.

Lire le reportage : Article réservé à nos abonnés A Saint-Brevin, après la démission du maire, quelques regrets et beaucoup de lassitude : « Sa vie était devenue infernale »

Un pic a été observé au moment des violences urbaines survenues à l’été, après la mort de Nahel M. à Nanterre. Les chercheurs de Sciences Po Marco Oberti et Maela Guillaume Le Gall ont établi que 555 villes ont été touchées. L’enquête conduite par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) pour l’Association des maires de France (AMF) et le ministère chargé des collectivités territoriales, dont Le Monde livre les conclusions, porte sur un panel plus large : 33 322 élus ont été sollicités et 7 992 ont répondu au moins partiellement. Et les résultats confirment l’accentuation de la violence subie par les élus.

Sept maires sur dix (69 %) affirment avoir été victimes d’incivilités (impolitesse, agressivité, etc.) depuis plusieurs mois. C’est 6 points de plus en un an et 16 points depuis 2020. Quatre sur dix (41 %) signalent des menaces verbales ou écrites (respectivement, + 2 points et + 13 points) ; 39 % ont connu injures (+ 2 points) ou insultes (+ 10) ; 27 % des attaques sur les réseaux sociaux ou Internet (comme en 2022, mais 7 points de plus qu’en 2020) ; 19 % du harcèlement moral (+ 4 et + 7 points)… Il n’y a que 34 % des communes à ne pas signaler d’atteintes aux biens publics (− 2 et − 5 points).

Appel à porter plainte

David Lisnard (Les Républicains), président de l’Association des maires de France, organisatrice du 105e congrès des maires qui doit se tenir du 20 au 23 novembre à Paris, évoque « une crise démocratique ». « Il s’agit souvent d’une minorité d’habitants, relève le maire de Cannes (Alpes-Maritimes), qui ne se comportent pas en citoyens mais en consommateurs d’espace public, voire en adolescents attardés et capricieux. » Selon lui, cela traduit aussi « l’impuissance régalienne » de l’Etat.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Face aux difficultés dans l’exercice du mandat, la « fatigue républicaine » des maires de France

Directeur du Cevipof, Martial Foucault invite cependant à demeurer prudent dans l’interprétation des statistiques. Le point de référence ne date que de 2019, souligne-t-il, ce qui réduit la perspective d’analyse. Ensuite, si beaucoup d’élus locaux répugnent à porter plainte, la sensibilisation croissante à ce fait de société pousse dans le même temps les élus à ne pas laisser passer.

Il vous reste 30% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici