Les Alpes-Maritimes, chasse bien gardée d’Eric Ciotti

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« A voir avec Eric Ciotti. » La note, laconique, est ajoutée au « parapheur numérique », le 30 octobre 2018, par le président (Les Républicains, LR) en titre du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginésy, en marge d’un dossier sur la subvention par le département d’une course d’« ultratrail » dans le massif du Mercantour, à hauteur de 180 000 euros. Une décision qui relève en principe de ses attributions de président. C’est d’ailleurs à lui qu’est adressée la note de la direction générale des services. Mais il faudra donc l’accord du réel décisionnaire, pourtant simple conseiller départemental – sur le papier –, qui se fait attendre. Le 15 janvier 2019, le parapheur numérique revient avec le feu vert tant attendu : « Plus de questionnement, AF [autorisation de financement] d’Eric Ciotti. La démarche est engagée », écrit Grégory Delafosse, directeur du cabinet du président Ginésy et fidèle d’Eric Ciotti.

Bienvenue dans les Alpes-Maritimes, fief, base arrière et terrain d’expression politique du nouveau patron de LR. Alors qu’il n’est plus président du département depuis 2017, Eric Ciotti conserve en réalité la mainmise sur les décisions du conseil départemental, dont l’exécutif lui est tout dévoué.

Alors qu’une partie des salaires de son équipe rapprochée est payée par le département, ses fonctions locales lui permettent de parfaire sa communication nationale. Une conduite qui a poussé Anticor à opérer, en 2019, un signalement au parquet de Nice, qui a ouvert une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics ». « Ça ne va pas très vite, Eric Ciotti n’a, a priori, toujours pas été auditionné », regrette Jean-Valéry Desens, correspondant local de l’association, pour qui ce cas, sans doute pas isolé, doit servir d’exemple : « Il faut soulever ce problème du contournement de l’esprit de la loi par énormément d’élus. »

Véhicule avec chauffeur

Le Monde a pu consulter des données issues du réseau informatique du conseil départemental des Alpes-Maritimes, qui confirment largement les soupçons de l’association. Mises en ligne par un hacker à des fins d’extorsion numérique, fin 2022, ces centaines de fichiers textes et tableurs offrent un regard rare sur le fonctionnement interne d’un exécutif local et documentent l’emprise réelle que le conseiller départemental Ciotti a, au quotidien, sur sa gestion.

Eric Ciotti a présidé le conseil départemental des Alpes-Maritimes de décembre 2008 à septembre 2017. Neuf années mises à profit pour se donner une visibilité tant locale que nationale. Mais la loi sur le non-cumul des mandats, entrée en vigueur en 2017, qui précise que « le mandat de député est incompatible avec les fonctions de président et de vice-président de conseil départemental », oblige M. Ciotti à quitter ses fonctions pour rester député. Il conserve uniquement le mandat de conseiller départemental de son canton de Tourrette-Levens et la présidence du groupe majoritaire des quarante élus LR. La présidence du département échoit, en titre, à une figure locale, l’ancien député Charles-Ange Ginésy.

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