Mis en cause dans un rapport de l’inspection générale de l’administration (IGA) dénonçant sa gestion du fonds Marianne, le préfet Christian Gravel, ancien secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), se défend.
Dans sa réponse de 30 pages publiée en fin de semaine sur le site du ministère de l’intérieur, le préfet Gravel, qui a dirigé d’octobre 2020 au 6 juin 2023 le CIPDR, s’explique point par point sur les accusations contenues dans le rapport de l’IGA du début juin, pour les réfuter. Néanmoins, en exergue, le ministère de l’intérieur, dont l’IGA dépend, prévient qu’il s’agit d’une « prise de position personnelle » de Christian Gravel « qui n’engage pas le ministère de l’intérieur et des outre-mer ».
Il estime « dommageable que la mission [de l’IGA] » n’ait « pas pu prendre en considération les auditions au Sénat » de Marlène Schiappa, ex-ministre qui avait créé le fonds Marianne après le choc causé par l’assassinat de Samuel Paty, et de son directeur du cabinet d’alors. Les différents acteurs du fonds Marianne ont été entendus par une commission d’enquête du Sénat.
Le rapport de l’IGA du mois de juin portait sur la subvention accordée à l’USEPPM (Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire), la principale lauréate du fonds. Initialement doté de 2,5 millions d’euros, le fonds Marianne visait à financer des associations portant des discours de promotion des valeurs de la République pour lutter contre le « séparatisme » et apporter, notamment sur les réseaux sociaux, la contradiction à l’islam radical.
Comme lors de son audition devant la commission d’enquête du Sénat, M. Gravel assure que le projet de l’USEPPM porté par Mohamed Sifaoui avait bénéficié d’une validation du cabinet de Mme Schiappa. De même, il répète que chaque dossier soumis au comité de sélection a « fait l’objet de discussions détaillées avec le cabinet » de la ministre.
« Sur l’ensemble du processus, en amont comme en aval », l’IGA notait « une carence grave dans les diligences attendues de l’encadrement supérieur d’un service d’administration centrale chargé de veiller à l’affectation conforme des deniers publics ». A cela, le préfet répond « réfuter toute négligence dans l’exercice de ses fonctions ».
L’ancien secrétaire général du CIPDR réaffirme en outre que la décision de ne pas attribuer de subvention à SOS-Racisme dans le cadre du fonds Marianne a été « prise par le cabinet de la ministre ».
A la démission de Christian Gravel s’est ajoutée en juillet l’éviction du gouvernement de Marlène Schiappa à la faveur du remaniement. Côté judiciaire, le Parquet national financier a ouvert début mai une information judiciaire pour des soupçons de détournement de fonds publics dans la gestion du fonds Marianne.