Le nombre d’agressions d’élus marque une hausse

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C’est un « choc civique » qu’il faut au pays. La mise en garde de la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, Dominique Faure, est à la hauteur des dernières données officielles d’agressions d’élus : entre 2021 et 2022, le nombre de faits répertoriés est passé de 1 720 à 2 265, soit un bond de 32 %.

Ces chiffres sont issus des remontées effectuées auprès du ministère de l’intérieur par les préfectures. De son côté, l’Association des maires de France (AMF) a observé une hausse de 15 % sur la même période. Mais, prévient l’AMF, il ne s’agit que d’« estimations servant d’indicateur » et « non de données scientifiques ».

Dans les deux cas, cependant, il s’agit de « faits », car les élus ne déposent pas toujours plainte. Sept fois sur dix, ce sont des menaces, des injures ou des outrages qui sont rapportés. Les violences physiques (160 en 2022) restent marginales et stables par rapport à l’année 2021 (165). Cependant, cela concerne dans plus de la moitié des cas des maires et leurs adjoints, très souvent lorsqu’ils cherchent à assurer la sécurité publique. Les atteintes, enfin, « touchent des élus de tout bord, indique l’entourage de Mme Faure. Dans la plupart des cas, l’élu n’est pas agressé pour ce qu’il pense ou ce qu’il porte, mais pour ce qu’il est ».

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Car, en effet, les incivilités à l’égard des élus constituent un symptôme de la dégradation du climat social et politique dans le pays. « La ministre, confie un proche, appelle à un choc civique dans notre société où les violences se font de plus en plus nombreuses, de l’Assemblée nationale jusqu’au petit village. »

Peu d’agressions dirigées contre les personnes

Paradoxalement, cela met en évidence le fait que les élus ont longtemps été épargnés. A l’exception de cas spectaculaires comme les attentats perpétrés contre le général de Gaulle ou contre Jacques Chirac, visé en 2002 par l’extrême droite après avoir été réélu président de la République contre Jean-Marie Le Pen.

Mais les élus étaient largement préservés. Professeur de science politique à Sciences Po-Saint-Germain-en-Laye, Xavier Crettiez étudie ce sujet depuis longtemps. Pour un ouvrage collectif publié en 2021, Violences politiques en France (Presses de Sciences Po), le chercheur a constitué une base recensant 9 190 actes relevant de la violence politique. Il s’agit essentiellement d’atteintes aux biens ou d’obstructions, très peu d’agressions dirigées contre les personnes.

Mais, relève Xavier Crettiez, « nous nous sommes arrêtés juste avant les “gilets jaunes”. Or, ce mouvement social a été un moment de rebond de violence politique ». La parole publique a été « fondamentalement questionnée, discutée, décrédibilisée », poursuit le professeur. D’autant, souligne-t-il, que cela a coïncidé avec le développement d’une pensée conspirationniste, « et cela ne s’est pas amélioré avec le Covid ». Or, dit-il, « derrière, il y a la remise en cause de la légitimité politique et des principes démocratiques ».

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