Le maire de Saint-Brevin-les-Pins annonce sa démission, déplorant « le manque de soutien de l’Etat »

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« Des raisons personnelles » et « le manque de soutien de l’Etat » : un peu plus d’un mois après l’incendie criminel qui a visé son domicile, le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez, a justifié ainsi sa démission, annoncée mercredi 10 mai sur la page Facebook de la commune.

« Ce mardi 9 mai, j’ai adressé à Monsieur le préfet de Loire-Atlantique un courrier informant ce dernier de mon souhait de démissionner de mon mandat de maire de Saint-Brevin-les-Pins », a-t-il écrit, confirmant une information du site Internet de Ouest-France.

Un projet de centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) suscite une vive opposition dans cette commune qui a été le théâtre de manifestations d’extrême droite ces derniers mois, dont la dernière fin avril.

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« J’ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l’Etat et après une longue réflexion menée avec ma famille », explique Yannick Morez. Le domicile du maire a été visé, le 22 mars, par un début d’incendie. Le feu a été allumé durant la nuit alors qu’il dormait ainsi que sa famille. Une enquête criminelle est en cours.

Un membre de Reconquête ! en tête des opposants

« J’ai toute confiance en mon équipe, une équipe compétente (…) qui continuera à agir au service de notre ville et de ses habitants. Après quinze ans de présence dans le conseil municipal, dont six ans en tant que maire, je pars en étant confiant dans l’avenir », conclut le maire démissionnaire.

Sollicitée par l’Agence France-Presse (AFP), mercredi soir, la préfecture de Loire-Atlantique n’était pas en mesure de confirmer avoir reçu la démission de M. Morez.

Parmi les opposants au centre de demandeurs d’asile, Bernard Germain, un candidat de Reconquête ! – le parti d’Eric Zemmour –, aux dernières législatives de juin 2022 dans les Côtes-d’Armor. M. Germain était le porte-parole du comité hostile à un projet d’accueil de personnes ayant obtenu le statut de réfugiés, qui devait s’installer dans une ville de ce département, Callac.

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Face aux pressions de l’extrême droite et aux tensions dans la commune, la municipalité de Callac avait finalement renoncé en janvier au projet, développé par une fondation privée, contrairement à Saint-Brevin où le projet contesté est porté par l’Etat.

Interrogé par l’AFP fin mars, le maire de Saint-Brevin avait rappelé que 400 demandeurs d’asile ont été au total accueillis sur la commune depuis l’ouverture du CADA il y a sept ans. Et, soulignait-il, « il n’y a jamais eu le moindre souci ».

Hommage à l’Assemblée nationale

Le maire (socialiste) de Saint-Nazaire, David Samzun, commune voisine de Saint-Brevin, lui a apporté son soutien : « Pour avoir servi la République, et les peuples en détresse, il a été contraint de démissionner pour protéger sa famille. La fonction d’élu serait-elle devenue dangereuse au point de risquer sa vie et celle de nos proches ? Je ne m’y résous pas. »

« Inacceptable. Les violences, les menaces envers les élus doivent être le combat de tous. Soutien amical et républicain au maire de Saint-Brevin-Les-Pins Yannick Morez », a pour sa part réagi sur Twitter la secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse et élue (MoDem) nantaise, Sarah El Haïry.

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« L’Assemblée nationale se lève en hommage à Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, qui vient de démissionner après l’incendie de son domicile et des menaces de l’extrême droite. Mais les députés du Front national restent assis. La honte », a rapporté, de son côté, sur Twitter le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, tandis que l’Assemblée nationale se penchait, mercredi soir, sur la création d’une commission d’enquête sur les groupuscules violents.

Le maire de Saint-Brevin a également annoncé sa volonté de quitter la commune et son activité de médecin généraliste en juin.

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Le Monde avec AFP

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