Mercredi 30 août, à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Emmanuel Macron salue un à un les chefs de parti représentés au Parlement, invités à réfléchir avec lui aux chantiers prioritaires du quinquennat. Soudain, il s’avance vers la seule femme à la tête d’une de ces formations, Marine Tondelier. « J’ai bien reçu votre remarque. L’écologie est partout, on peut en parler », lui glisse-t-il. Quelques jours plus tôt, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts avait exprimé auprès du cabinet du président de la République son désappointement : le climat n’était pas à l’ordre du jour des trois tables rondes prévues par le chef de l’Etat ce jour-là.
Pendant les douze heures de discussions, M. Macron ne l’évoquera presque jamais de lui-même. Mais le plus souvent en réponse à des interpellations de la gauche. Au milieu de multiples débats sur les institutions, sur l’immigration, il propose de créer des groupes de travail, par exemple sur la proportionnelle, il met dans l’atmosphère une conférence sociale. Mais il ne lance aucune initiative collective sur le climat. Un sujet pourtant transversal par excellence, à propos duquel l’Elysée répète depuis des mois qu’il faut mobiliser le monde politique et les Français. Au final, il n’aura pas prononcé le mot planification. A la fin de la rencontre, à trois heures du matin, Elisabeth Borne s’avance vers Mme Tondelier et lâche quelques mots de rattrapage. « Vous savez, nous mettons en place la planification. Nous allons y arriver », promet la première ministre.
En cette rentrée politique, le flou persiste sur la volonté réelle du président de la République de mener à bien les immenses chantiers liés au climat. « Elisabeth Borne est venue deux fois devant le Conseil national de la transition écologique [CNTE, qui rassemble élus, associations, représentants de l’Etat, partenaires sociaux]. Disons qu’Emmanuel Macron a peu eu l’occasion de s’exprimer sur le sujet », résume Anne Bringault, coordonnatrice des programmes au Réseau Action Climat.
Depuis son retour du Fort de Brégançon, l’agenda français du chef de l’Etat s’est surtout focalisé sur l’éducation nationale. Dans sa grande interview de rentrée au Point, M. Macron se contente de prôner une nouvelle fois son mantra, celui d’ « une écologie exigeante de progrès, de projet, de bon sens, de solutions, dans le cadre d’une planification reposant sur les analyses scientifiques ». Mais sans rien annoncer. L’Elysée fait miroiter plusieurs déplacements consacrés aux sujets climatiques dans la deuxième quinzaine de septembre mais ne confirme toujours pas la date du prochain Conseil de planification écologique (CPE), prévu autour de la mi-septembre.
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