Emmanuel Macron a défendu vendredi 15 septembre un « devoir de solidarité européenne » avec l’Italie, face à l’afflux de migrants à Lampedusa, annonçant qu’un travail était en cours entre les deux gouvernements et que « des décisions seront prises ».
La petite île italienne qui fait face ces derniers jours à des arrivées record de migrants par la Méditerranée. Plus de 7 000 personnes en provenance d’Afrique du Nord ont débarqué mardi et mercredi à Lampedusa, une des principales portes d’entrée vers l’Europe, soit l’équivalent de la population locale sur cette île, qui s’est depuis déclarée en état d’urgence.
La situation sur l’île italienne montre que « les approches strictement nationalistes ont leurs limites », a estimé, en marge d’un déplacement dans le département de Côte d’Or, le chef de l’Etat qui ne veut pas « laisser seule l’Italie avec ce qu’elle vit aujourd’hui ».
De son côté, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a convoqué une réunion vendredi après-midi « sur la situation migratoire italienne, à la suite des événements survenus à Lampedusa », a indiqué son ministère. Ce « point de situation » doit réunir les services concernés de la police, de la gendarmerie, de l’immigration et des renseignements intérieurs, ainsi que les préfets des Bouches-du-Rhône, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes, ces deux derniers départements étant frontaliers de l’Italie.
Le ministre de l’intérieur doit également « échanger » dans la journée « avec ses homologues allemand et italien », a-t-on souligné vendredi Place Beauvau, où une nouvelle réunion aura lieu samedi matin sur le sujet.
Le ministère de l’intérieur n’a pas indiqué, à ce stade, si la France envisageait de s’aligner sur la décision de l’Allemagne, qui a annoncé mercredi suspendre l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie, prévu par les accords européens, en raison d’une « forte pression migratoire » et du refus de Rome d’appliquer ces mêmes accords.
A Lampedusa, le centre d’accueil débordé
A Lampedusa, le centre d’accueil prévu pour héberger moins de 400 personnes est débordé, avec des hommes, des femmes et des enfants contraints de dormir dehors sur des lits de fortune en plastique, beaucoup enveloppés dans des couvertures de survie. Plus de 5 000 personnes ont débarqué mardi sur les côtes italiennes, presque exclusivement à Lampedusa, et près de 3 000 mercredi, selon le ministère de l’intérieur italien. Un « record absolu », d’après Matteo Villa, du centre de réflexion ISPI.
Lors d’un déplacement à Menton (Alpes-Maritimes) mardi, Gérald Darmanin avait annoncé des renforts dans la lutte contre l’immigration irrégulière à la frontière italienne, où la France constate « une augmentation de 100 % des flux », avait-il dit.
Le RN demande à Macron de ne pas accueillir « un seul migrant »
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a demandé vendredi à Emmanuel Macron de prendre l’engagement de ne pas accueillir « un seul migrant » en provenance de l’île de Lampedusa. « Emmanuel Macron doit prendre solennellement cet engagement : la France n’accueillera pas un seul migrant issu de l’opération concertée de Lampedusa », a déclaré la tête de liste du parti d’extrême droite pour les élections européennes de juin 2024 sur X (anciennement Twitter). « Pour lui qui a dit vouloir “réduire significativement” l’immigration, c’est le moment de vérité. Fermeté ou impuissance ? »
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Présente à Lampedusa, la tête de liste de Reconquête ! (extrême droite) Marion Maréchal a assuré de son côté vendredi sur BFM-TV vouloir « apporter un soutien au peuple italien [et] au gouvernement italien qui est abandonné par l’Union européenne, abandonné aussi par la France, et qui se retrouve seul à gérer cette situation alors même que les frontières italiennes ne sont pas seulement les frontières de l’Italie, elles sont les frontières de l’Europe entière ».
Chez Les Républicains (LR), l’eurodéputé François-Xavier Bellamy a critiqué, également sur BFM-TV, une politique européenne « en faillite sur la question migratoire, parce que le droit européen a pendant longtemps désarmé nos Etats dans leur capacité, leur volonté de maîtriser leurs frontières ».