Un peu partout, les cortèges sont franchement plus minces et les manifestants plus résignés. Pour cette septième journée de mobilisation, le ministère de l’intérieur compte 368 000 manifestants dans toute la France, dont 48 000 à Paris, et même si la CGT affirme qu’ils étaient 300 000 dans la capitale et plus d’un million dans tout le pays, c’est le pic le plus bas depuis le début de la mobilisation, le 19 janvier.
A Marseille, l’intersyndicale annonce 80 000 manifestants (là où elle avait estimé à 245 000 les participants au défilé du 7 mars), quand la préfecture de police en compte de son côté 7 000 (contre 30 000 il y a quatre jours). Situation identique à Toulouse, où le cortège a rassemblé 10 000 personnes selon la préfecture, 45 000 selon les organisateurs, chiffres les plus faibles depuis le début de l’année dans la Ville rose. Idem à Saint-Etienne (2 350 à 8 000 manifestants) et Strasbourg (1 300 à 5 000), mais aussi dans des villes moyennes comme Tarbes (2 500 à 6 000). Dans ce repli général, il n’y a que quelques villes comme Nice pour afficher des scores légèrement supérieurs à ceux du 16 février (2 300 à 8 000 personnes).
En revanche, les tensions sont plus vives, notamment dans la capitale. Dès le démarrage du défilé parisien, à 15 heures, les jets de projectiles contre les forces de l’ordre sont nombreux, quelques poubelles sont incendiées, des vitrines sont cassées. Une heure après son départ, le cortège a d’ailleurs été provisoirement stoppé place de la Bastille afin que les forces de l’ordre « disloquent le bloc » constitué de « plusieurs centaines de manifestants radicaux » qui menace les CRS, selon la Préfecture de police de Paris.
« Jets de projectiles par des éléments radicaux »
Une fois la manifestation repartie, de nouveaux incidents ont lieu avenue Daumesnil, avec à nouveau des jets de pavés sur les forces de l’ordre et quelques poubelles incendiées dans une tentative d’ériger une barricade. La CGT a également été victime « de jets de projectiles par des éléments radicaux », selon la Préfecture de police, qui annonce à 17 heures que vingt-six personnes ont été interpellées, notamment pour port d’arme prohibé et « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations », a fait savoir la Préfecture.
Dans les cortèges, cependant, les manifestants sont plus pessimistes quant à l’issue de leur mouvement. Jusque-là, Corinne Niellini, 44 ans, agente de maîtrise dans la fonction publique territoriale, venue avec son mari, Frédéric, et leur fille, Romane, n’a pas fait grève. « Un jour de grève à deux, c’est 300 euros en moins », résume-t-elle. Le couple est venu manifester pour « faire masse », contre la réforme, même si, à ses yeux, l’issue du mouvement semble toute dessinée, avec un projet de loi entériné, en force si besoin. « Ces actions ne semblent pas capables de faire bouger au-dessus, malheureusement, déplore son mari, Frédéric, agent de maîtrise à la RATP, 45 ans. Mais on se doit d’être là, au moins pour contester ce mépris permanent des gens, des travailleurs, des oppositions, du peuple donc. » Tous deux ruminent encore la dernière élection présidentielle et leur soutien apporté par défaut au président sortant. « Mais il n’en a tiré aucune leçon. Quand je vois ce monde, cette colère, j’ai si peur que ça gonfle les extrêmes », anticipe Corinne.
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