« L’actuelle réforme des retraites est d’abord une renonciation à une réforme universelle »

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En déplacement aux Pays-Bas, le 30 janvier, au moment de la mobilisation contre la réforme des retraites en France, Emmanuel Macron a affirmé que la réforme était indispensable « quand on se compare en Europe » pour « sauver notre système par répartition ». Dans un débat avec le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, il a souligné qu’il fallait « converger vers la moyenne européenne ». C’est supposer qu’il existe quelque chose comme « une moyenne européenne » en termes de protection sociale, alors que la réalité fondamentale de l’Union européenne, en matière sociale, c’est que les bases des compromis de justice sont avant tout nationales.

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Comparer, ce n’est pas, comme le fait le président, chercher une prétendue moyenne en Europe ; c’est comprendre à chaque fois le complexe système politique, culturel et économique qui préside à l’organisation de la protection sociale du pays dont on parle. Aucune femme ni aucun homme politique français n’aurait l’idée idiote de proposer aux Français d’adopter le système allemand de retraites, qui fait bien plus de pauvres vieillissants dans ce pays que chez nous. Aucun politicien ne pousserait le ridicule jusqu’à vanter le système britannique et ses retraites d’entreprise en crise relative, ou l’absence d’une pension décente pour les personnes peu qualifiées.

Justifications confuses

Le point essentiel de la comparaison est donc la diversité, pas la convergence : la France a choisi la répartition, et c’est pourquoi le montant cumulé des fonds de pension du pays est ridicule, en regard de celui des Pays-Bas. Si la part relative du PIB est un indicateur utile, produit par l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’indicateur est trompeur car dans certains pays l’immense majorité des dépenses de pensions, comme en France, est publique, ce qui n’est pas le cas en Grande-Bretagne, par exemple ; dans certains autres pays, comme en Allemagne, le poids des fonctionnaires est bien plus faible qu’en France, ce qui fausse des comparaisons imprécises. Et dans d’autres, tel le Danemark, la protection sociale est très fortement financée par des impôts, alors qu’en France la part des cotisations dans le financement de la protection sociale reste élevée (près de 60 %) : cela change beaucoup de choses pour la gestion des fonds et aussi pour leur équilibrage.

On ne peut pas faire non plus une « moyenne » vers laquelle converger quand on compare des pays dont la majorité des travailleurs et travailleuses sont des salariés (moins de 12 % d’indépendants en France et au Danemark) avec des pays comme le Portugal ou les pays d’Europe centrale comme la Pologne (plus de 15 %). On sait bien que la retraite d’un travailleur indépendant est très différente, dans son organisation, de celle d’un salarié.

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