« La politique est un rapport de force et ce qui apparaît en cette rentrée est une cour peuplée de convalescents »

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Inflation sur les produits alimentaires, hausse du prix du carburant, crise du logement… Les adversaires d’Emmanuel Macron ont autant de raisons qu’en 2022 de manifester bruyamment leur opposition et de promettre une rentrée fracassante à l’Assemblée nationale. La suppression progressive des boucliers protecteurs financés par l’Etat devrait même les inciter à hausser le ton. Et pourtant, une certaine retenue marque la rentrée : après la crise des retraites, les syndicats ont retrouvé le chemin de la négociation comme si la réforme toujours aussi mal aimée n’en était pas moins en passe d’être digérée.

Commencées il y a un an dans un scepticisme quasi général, les sessions et concertations du Conseil national de la refondation, qui associent sur des thématiques particulières comme l’éducation ou la santé certaines des forces politiques, syndicales, économiques et associatives, vont se poursuivre à la demande des intéressés et s’étendre à de nouveaux sujets comme la santé mentale, le modèle productif et social, la réponse aux émeutes urbaines, etc.

A peu près seul à croire à cette démarche qui avait été perçue il y a un an comme une tentative maladroite de contourner l’Assemblée nationale, où il venait de perdre la majorité absolue, le chef de l’Etat veut désormais en faire un instrument de transformation des services publics afin de mieux intégrer les attentes du terrain.

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Les partis se retrouvent quant à eux embarqués dans la démarche des « rencontres de Saint-Denis », autre innovation démocratique qui a suscité le même scepticisme, lors de son lancement, le 30 août, mais dont aucune formation politique n’ose formellement s’extraire. La plupart des chefs de parti ont complété dimanche 10 septembre le compte rendu fait par le chef de l’Etat des dix heures de discussions à huis clos qui les a réunis.

Ils ont mis l’accent sur leurs attentes et leurs frustrations, focalisées à droite sur l’immigration, à gauche sur le pouvoir d’achat et l’écologie, dans le but de ne pas apparaître totalement piégés par la démarche présidentielle. Ceux qui n’ont rien envoyé comme Manuel Bompard (La France insoumise, LFI) ou Jordan Bardella (Rassemblement national, RN) n’ont pas pour autant clamé qu’ils se mettaient désormais en marge d’un exercice dont l’objectif proclamé est d’améliorer, par quête de consensus, le fonctionnement démocratique et institutionnel du pays.

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Après une année de déchirements marquée par la réforme des retraites et les émeutes urbaines, on voit bien l’intérêt qu’éprouve Emmanuel Macron à faire retomber la pression. Dans quatre ans, le président sortant sera comptable de l’état du pays et du bras de fer qu’il a engagé avec les corps intermédiaires et les partis au nom de la « révolution » qu’il a voulu accomplir. Or, la contestation des institutions est allée loin lors de l’utilisation, en mars par le gouvernement, de l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer la retraite à 64 ans. Peu après, les journées de violence déclenchées par la mort de Nahel M., le 27 juin, tué lors d’un refus d’obtempérer, ont confirmé que le pays pouvait se déliter très vite.

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