Au rayon des mues présidentielles, celle-ci paraît fondamentale. Il y a encore quelques mois, Emmanuel Macron se définissait comme un « optimiste de la volonté », capable de disserter à la télévision sur le « jour d’après » l’épidémie de Covid-19, alors que les malades commençaient tout juste à confluer vers les hôpitaux. Chaque crise dessinait, à ses yeux, la possibilité d’un rebond. Une disposition d’esprit que le temps et le contexte international, marqué par la guerre en Ukraine, semblent avoir patinée.
Le président de la République a ouvert le conseil des ministres, mercredi 24 août, avec un propos liminaire particulièrement sombre. Dans un exposé de douze minutes – retransmis, fait rare, en direct sur les chaînes d’information en continu –, le locataire de l’Elysée a disséqué le « grand bouleversement du monde » à travers trois « fins » : « fin de l’abondance, fin de l’insouciance, fin des évidences ». Sans que la perspective d’un coin de ciel bleu apparaisse.
La « fin de l’abondance », c’est celle de l’accès aux matières premières et aux produits « qui nous semblaient perpétuellement disponibles », a reconnu Emmanuel Macron. La crise sanitaire puis le conflit ukrainien ont réduit la voilure des échanges internationaux et l’espoir d’une mondialisation heureuse.
C’est aussi l’accès à l’eau, raréfié en raison du réchauffement climatique, mais également celui aux « liquidités sans coût », a ajouté le chef de l’Etat. Les taux d’intérêt négatifs appartiennent désormais au passé. « Nous aurons à en tirer les conséquences en termes de finances publiques », a prévenu M. Macron. Requiem pour le « quoi qu’il en coûte ».
« Notre liberté a un coût »
Si le bouclier tarifaire sur les coûts de l’énergie a été pérennisé jusqu’à la fin de 2022, « nous ne pourrons pas indéfiniment geler les prix », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. En particulier au moment où la Russie menace de couper ses approvisionnements en gaz afin de punir l’Occident pour son soutien à l’Ukraine. Une décision qui se traduirait par une flambée des cours sur les marchés.
« Notre liberté (…) a un coût », a estimé Emmanuel Macron, ce qui « peut supposer des sacrifices » et des « efforts ». Il s’est toutefois gardé de préciser lesquels. « Il n’y a pas de restrictions qui soient imposées par l’Etat », a tempéré M. Véran, à l’issue du conseil des ministres, niant toute « volonté de forcer les Français à réduire leur consommation » d’énergie. Pour l’instant.
Le président de la République s’inquiète d’une « montée des régimes illibéraux » et d’un « renforcement des régimes autoritaires »
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