La gauche s’empare de la lutte contre l’inflation et accentue la pression sur l’exécutif

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Voilà des semaines que la gauche tente de mettre le sujet de la justice sociale à l’agenda, jusque-là avec un succès mitigé ; la lutte contre l’inflation lui apparaît comme le meilleur moyen de reprendre des couleurs. En menaçant d’envahir les préfectures, les stations-service et les grandes surfaces, mercredi 13 septembre, le chef de file communiste, Fabien Roussel, a percé le mur du son gouvernemental. Inquiète, Elisabeth Borne lui a passé un coup de fil vendredi. « Appeler à envahir, ça peut être pris au premier degré », l’a-t-elle prévenu. Le député du Nord, tout en assurant à la première ministre ses intentions « pacifiques », lui a confirmé « que s’il n’y avait pas de mesures concrètes et fortes rapidement », il « passerait à l’action ».

Dimanche, Elisabeth Borne annonçait dans Le Parisien l’autorisation de vendre à perte le carburant et l’interdiction prochaine de la « shrinkflation », cette pratique qui consiste pour les industriels à réduire les quantités d’un produit sans modifier les prix. Fabien Roussel, informé en avant-première par la locataire de Matignon, y a vu un lien de cause à effet : « La menace a porté ses fruits, ça bouge. Tant mieux », fanfaronne celui qui regarde d’un œil bienveillant les deux mesures gouvernementales, même si elles « ne suffiront pas ». Elles sont de fait très loin de ses revendications, le blocage des prix, des marges, et l’indexation des salaires sur l’inflation.

Lundi, sur France Inter, le député La France insoumise (LFI) de la Somme François Ruffin, qui prône aussi l’augmentation des salaires, a jugé les mesures d’Elisabeth Borne « nulles et ridicules ». Il a toutefois défendu une option plus nuancée que Fabien Roussel, un blocage « temporaire » des prix. A long terme, « cela ne marche pas », a-t-il ajouté. Il en a profité pour moquer l’appel à l’insurrection de son rival du PCF, qui prétend comme lui parler à la France dite périphérique. Samedi 16 et dimanche 17 septembre, à la Fête de L’Huma, « les communistes étaient plus en train de préparer des punchs que la prise du palais d’Hiver », a rigolé l’ex-journaliste, en référence à la révolution russe de 1917. De fait, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), les cadres du PCF reconnaissaient que la sortie de Fabien Roussel n’était qu’une simple provocation.

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Mesure « contre-productive »

LFI, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti socialiste (PS) étaient déjà montés au créneau le 30 août. En amont du rendez-vous fixé par Emmanuel Macron aux partis politiques à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ils avaient publié un communiqué commun demandant notamment « l’indexation des salaires sur l’inflation », « des mesures de blocage des prix sur les produits de première nécessité », ou encore « l’augmentation du smic à 1 600 euros net ».

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