Comme un parfum d’ancien monde. En débattant avec Edouard Philippe, dimanche 17 septembre depuis la fête de l’Humanité, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, assume de revenir aux fondamentaux : le clivage gauche-droite, le débat « respectueux » entre deux camps, assorti de points de consensus sur les sujets de la croissance, l’énergie nucléaire ou la valeur travail. « Tout se passe comme si on arrivait à une sorte de fin de la société du travail », estime l’ancien premier ministre, avant de battre en brèche l’idée du blocage des prix prônée par le communiste. Derrière les désaccords, Fabien Roussel vise aussi la mise en scène de deux éventuels « présidentiables », en conversant avec un « Edouard » qu’il tutoie. « Qui sait, peut-être qu’on se retrouvera tous les deux candidats en 2027 ? », imaginait-il en aparté.
Ce week-end œcuménique, organisé chaque année par le journal L’Humanité, s’inscrit dans un contexte particulier, après une rentrée politique marquée par un objectif partout affiché, de la gauche au ministre de l’intérieur Gérald Darmanin : la reconquête des classes populaires.
« Populaire », tout le monde a tenté de l’être, lors de cette fête organisée sur l’ancienne base aérienne de Brétigny (Essonne). Fabien Roussel en premier lieu, avec son discours de samedi tourné vers une certaine idée de la classe ouvrière, incomprise du gouvernement, selon lui, alors qu’« elle est belle, elle est grande et elle parle français ». Tout en mettant en valeur ses convergences avec une certaine gauche, opposée comme lui à la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) de Jean-Luc Mélenchon.
« On parle la même langue »
Invités, les socialistes Michaël Delafosse, maire de Montpellier, et Carole Delga, présidente de la région Occitanie, ne se sont pas formalisés de l’appel du chef de file communiste à envahir les préfectures, les stations-service ou les supermarchés, lancé jeudi matin pour protester contre l’inflation.
« Fabien, dans le monde où l’on vit, tout ce qui est populaire est proscrit », s’est désolée Mme Delga devant l’ex-candidat à la présidentielle, regrettant la fin des fêtes foraines, louant la chasse comme l’un des « derniers espaces de sociabilité en milieu rural ». « On parle la même langue, Carole a mille fois raison », a abondé M. Roussel.
Lui fustige cette gauche toujours critique du « goût des autres », visant sans le dire les écologistes, et un gouvernement qui « organise des conférences pour savoir comment parler aux classes populaires ». « On ressent tous les deux le besoin d’une gauche populaire qui parle autant aux villes qu’aux ruraux », a-t-il appuyé depuis le stand du Parti communiste, assis à côté de Carole Delga.
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