Un « Acte II » de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) : le mot est apparu à la fin des débats sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, prononcé par les écologistes Cyrielle Chatelain et Sandrine Rousseau. Depuis, chacun s’en saisit à gauche. Même si les voies de construction d’une alliance semblent bouchées pour le moment. En effet, ce n’est pas au Sénat ni aux prochaines élections sénatoriales que la coalition se renforcera. Sans doute pas plus au Parlement européen.
Au Palais du Luxembourg, les sénateurs de gauche n’ont pas beaucoup aimé se faire appeler « sénateurs de la Nupes » dans un communiqué de La France insoumise (LFI) daté du 20 février, dans lequel ils étaient appelés à « tout faire pour empêcher l’adoption de la retraite à 64 ans au Sénat ». « Voilà ce qui nous manquait, pour le débat retraites : les consignes de LFI aux sénateurs de gauche (au Sénat, on dit gauche ; à l’ancienne) », s’est exclamée alors la sénatrice socialiste de l’Oise Laurence Rossignol. Depuis, comme nombre de ses collègues, elle l’assume : « La Nupes n’existe pas au Sénat, c’est un accord électoral lié aux législatives 2022, on n’est pas partie prenante de l’accord, même si on appartient à des partis qui l’ont négocié. Ça n’a pas de réalité humaine, on travaillait déjà ensemble, on continue. »
Le chef de file des socialistes au Sénat, Patrick Kanner, a marqué lui aussi sa différence avec la Nupes à l’Assemblée, jeudi, devant la presse : « Si Jean-Luc Mélenchon veut m’appeler pour me dire comment je dois travailler au Sénat, ce sera non. Chacun chez soi », a-t-il déclaré, promettant un « vrai débat de fond » et jugeant que la coalition de la gauche avait touché ses limites lors des débats sur la réforme.
Bompard pose ses conditions
Vu les équilibres des grands électeurs en prévision des sénatoriales à l’automne, tirés des municipales de 2020, l’absence de la Nupes au Sénat est partie pour durer. LFI, peu implantée localement, espère tout au plus réussir à obtenir un siège, peut-être en Seine-Saint-Denis, à force de négociations avec ses partenaires, qui restent pour le moment extrêmement sceptiques sur la possibilité de faire une place aux « insoumis ».
Quant aux européennes, malgré les appels des troupes de M. Mélenchon – dernier en date : la députée européenne Manon Aubry plaide pour un « intergroupe au niveau européen » et pour l’organisation de « débats thématiques en regardant ce qui nous différencie, ce qui nous réunit, les choses qui ont bougé depuis 2019 ou peuvent bouger » –, les perspectives d’union sont minces. La direction du Parti socialiste (PS) considère qu’une liste commune est « absolument impossible à ce stade », tandis qu’à Europe Ecologie-Les Verts (EELV), la secrétaire nationale, Marine Tondelier, a déjà tranché contre. Chez les communistes, le congrès n’est pas terminé, ce qui laisse encore quelques espoirs à des « insoumis » pour une liste « gauche radicale » au Parlement européen si une liste à quatre devait échouer.
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