Julia Cagé et Vincent Pons, économistes : « L’alternance politique améliore les performances économiques »

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Julia Cagé et Vincent Pons, l’une professeure en France à Sciences Po – et par ailleurs présidente de la Société des lecteurs du Monde – et l’autre professeur aux Etats-Unis à Harvard, sont tous deux passionnés par le fonctionnement de la démocratie et la participation aux élections. Ils racontent leur travail.

Comment en êtes-vous arrivés, en tant qu’économistes, à vous intéresser au fonctionnement des institutions politiques ?

Julia Cagé : Pour moi l’économie politique a toujours été à la base de la discipline. Ce n’est que dans ses plus mauvaises périodes qu’elle s’est mathématisée et théorisée à l’excès et qu’elle s’est éloignée du terrain empirique, des données historiques. Ce sont les modalités de financement du débat public qui m’intéressent, et donc le financement des campagnes électorales, des partis, des médias, des questions finalement très économiques !

Vincent Pons : Les économistes se sont toujours intéressés au fait politique. Douglass North (Nobel d’économie 1993) a montré comment les institutions structuraient le comportement économique des individus.

Je me suis intéressé aux questions de démocratie et de processus électoral après deux élections clés. La présidentielle française de 2002, la première à laquelle j’ai participé, qui a vu le socialiste Lionel Jospin être éliminé au premier tour à cause de la faible participation et de l’éparpillement des voix à gauche. J’ai par la suite mené des recherches pour comprendre comment augmenter la participation. La deuxième est l’élection de Barack Obama, en 2008. Je venais d’arriver aux Etats-Unis, où je commençais ma thèse. J’ai été impressionné par sa stratégie basée sur le porte-à-porte et sur des données individuelles très fines.

Quelles sont les formes et les causes de la crise politique que nous voyons en France mais aussi dans toutes les grandes démocraties ?

V. P. : Les symptômes de l’affaiblissement de la démocratie sont la baisse de la participation et la montée de la défiance vis-à-vis des élus, en progression constante depuis cinquante ans.

J’ai travaillé sur quatre moments clés de la vie démocratique : les motivations de la participation aux élections, les préférences partisanes, la représentativité des élus, les effets des scrutins sur les politiques économiques menées. J’ai par exemple étudié les obstacles à la participation, comme, en France, l’obligation de s’inscrire sur les listes électorales – alors que c’est automatique dans les autres pays. J’ai également suivi les électeurs qui déménagent d’un Etat à un autre aux Etats-Unis pour mesurer l’effet du contexte sur leur comportement politique.

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