Emmanuel Macron s’est interrogé dès dimanche sur son agenda. Quelques heures plus tôt, vers 7 heures du matin, trois policiers du commissariat de Roubaix sont morts après une collision avec un conducteur roulant à contresens, positif à l’alcool et au cannabis. Le président de la République a regardé les images des bouquets de fleurs déposés par les Roubaisiens. Il a surtout laissé décanter en attendant la conférence de presse de la procureure de Lille détaillant les raisons de l’accident.
Puis, mardi 23 en fin de journée, il a tranché en reportant son déplacement dans le Var sur le thème de l’écologie, prévu jeudi 25. Il va finalement se rendre à Roubaix pour assister à la cérémonie d’hommage en l’honneur des trois gardiens de la paix. « Tout cela crée une émotion très forte dans les Hauts-de-France, dans cette France populaire, c’est un des éléments qui a fait basculer la décision », explique au Monde un conseiller de l’exécutif.
Lancé dans une reconquête de l’opinion depuis la crise des retraites, le chef de l’Etat scrute l’actualité. Et, depuis quelques jours, d’autres faits divers, sanglants ou symptomatiques, ont créé l’émoi. Mort d’une infirmière poignardée à Reims dans la nuit de lundi à mardi ; décès d’une fillette percutée par une voiture à Trappes (Yvelines), mardi ; fusillades meurtrières à Marseille lundi soir, un mort par balles à Paris, mercredi ; démission fracassante du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), attaqué par des groupes d’extrême droite opposés à l’installation d’un centre d’accueil pour migrants dans sa commune, et dont les véhicules avaient été incendiés devant son domicile le 22 mars…
A chaque fois, les oppositions de droite et d’extrême droite dénoncent le « laxisme » de l’exécutif. Une partie de la gauche l’accuse de ne rien faire contre l’extrême droite, allant jusqu’à organiser une marche de soutien au maire démissionnaire, Yannick Morez, mercredi en fin de journée.
Plus tôt ce même jour, Emmanuel Macron a riposté en politisant lui-même cette succession de drames. Lors du conseil des ministres, le président de la République a précisé que les faits évoqués ne sont pas tous de même nature, avant d’avoir des mots beaucoup plus globalisants sur l’évolution de la société. « Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n’est légitime, qu’elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation », a estimé le président de la République, selon des propos révélés par Le Parisien et confirmés au Monde.
Il vous reste 65.59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.