Gérald Darmanin ou la politique des annonces

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Juillet 2022. Gérald Darmanin annonce une loi « immigration », la deuxième sous la présidence d’Emmanuel Macron. Quelques semaines plus tard, le ministre de l’intérieur doit rétropédaler, rattrapé par la première ministre, Elisabeth Borne, qui lui demande d’organiser une concertation en amont.

Mai 2023. Le projet de loi n’est toujours pas sorti des limbes. Dévoilé à l’automne 2022, présenté en conseil des ministres en février, voté en commission des lois du Sénat en mars, déprogrammé quelques jours après, annoncé de nouveau par le président de la République sous une forme découpée, puis enterré par Mme Borne, avant d’être remis à l’agenda par le chef de l’Etat et finalement reprogrammé à l’été… Une stratégie brouillonne ? Le signe de divergences au sein du gouvernement ? L’échec d’une méthode ?

La droite se délecte de voir la Macronie s’enliser sur un thème qu’elle veut faire sien. Présentée comme équilibrée par le gouvernement, cette loi devait renforcer les possibilités d’expulsion des étrangers délinquants et simplifier la régularisation des travailleurs sans papiers. Résultat : la gauche n’achète pas un texte jugé trop répressif et Les Républicains (LR) ont mis leur veto sur les mesures de régularisation.

« Il est prêt à durcir le texte »

Gérald Darmanin a-t-il surestimé sa capacité à convaincre ses anciens camarades de LR ? « Il y a sans doute un espace pour trouver un compromis », continue de défendre un conseiller de la Place Beauvau, alors que le ministre a obtenu que la loi ne soit pas définitivement remisée, à la défaveur de Matignon.

Un cycle de concertation doit accoucher d’un texte corrigé d’ici à l’été. Place Beauvau, on laisse entendre que le ministre pourrait lâcher sur les régularisations. « Stratégiquement, Darmanin a toujours été pour avoir un objet de négociation avec la droite, fait valoir un proche du ministre. Il est prêt à durcir le texte. » Au risque de s’aliéner une partie de la Macronie ? Le président de la commission des lois de l’Assemblée nationale et député Renaissance de la Vienne, Sacha Houlié, a déjà prévenu que l’aile gauche ne soutiendrait pas un texte amputé du volet régularisation.

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Sur l’immigration, un autre dossier est à la peine : Mayotte. Gérald Darmanin a voulu mettre en scène, dans ce département de l’océan Indien, une opération coup de poing, baptisée « Wuambushu », de lutte contre l’immigration illégale, la délinquance et les bidonvilles. Mais si les élus locaux, très largement favorables à cette initiative, parlent du ministre comme d’un « ami », les résultats se font attendre, près d’un mois après l’arrivée dans l’archipel de renforts de policiers et de gendarmes.

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