François Ruffin, l’« insoumis » préféré de la gauche, prépare l’après-Mélenchon

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Etre désigné comme prétendant de la gauche à l’élection présidentielle quatre ans avant l’échéance ne comporte pas que des avantages. François Ruffin en fait l’expérience. Dans les matinales, on lui pose des questions auxquelles il n’a pas la réponse, qui commencent par « Si vous étiez au pouvoir ». Comme le 13 avril sur Franceinfo. « Est-ce que vous accepteriez de rencontrer les représentants de Taïwan ? », lui demande-t-on. « Aujourd’hui, je l’ignore. » Ultra-consensuel à gauche ces derniers mois – sauf dans son propre parti –, le député La France insoumise (LFI) de la Somme a l’art de choisir ses combats. Et de sécher, parfois, les votes polémiques à l’Assemblée nationale.

Cet art de l’esquive est de plus en plus délicat depuis qu’il est en première ligne. Si l’ancien journaliste est exposé, c’est parce qu’il l’a voulu, mais aussi parce que, depuis janvier, Jean-Luc Mélenchon le désigne comme candidat potentiel pour l’élection présidentielle de 2027, et s’arroge le monopole de déclarer qu’il est « prêt » pour cette échéance. Il lui interdit aussi de trop dépasser les frontières de LFI : « François Ruffin est un des nôtres, anticapitaliste et pro-Nupes et son programme partagé », clame-t-il sur son blog, alors que M. Ruffin a professé son souhait de réhabiliter la social-démocratie, dans un entretien à L’Obs, en novembre 2022.

Le 6 mai, lui aussi sur son blog, l’élu de la Somme a répondu à l’ex-candidat à la présidentielle. Dans une longue argumentation, il assure qu’il est et restera « dans la continuité » des positions du fondateur de LFI, en rappelant qu’il ne sera pas « le gentil Ruffin contre le méchant Mélenchon ». Sur la forme, en revanche, il continue de penser qu’il faut en finir avec les « bruits et humeurs » des députés « insoumis » sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. « Rassurer », ne plus faire peur.

« J’élargis mon champ de jeu »

A gauche, on regarde avec attention les publications de sondage d’intentions de vote qui donnent Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin au-dessus de la barre des 20 %, même si la méthodologie, à quatre ans de l’élection, alors que la liste des candidats n’est pas connue, est plus qu’incertaine. Dans les études d’opinion, leurs points forts et leurs faiblesses sont scrutés. Avec des tendances : Mélenchon meilleur chez les jeunes, mauvais chez les plus vieux, Ruffin l’inverse. Mélenchon connu de tous mais suscitant le rejet d’une partie des électeurs, Ruffin encore inconnu de la moitié des Français mais pour cette raison-là plus consensuel. Avec un potentiel de notoriété à aller gagner.

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