« Jeune patriote cherche même profil pour union libre, dans le but de sauver la France. Ecrire au journal L’Incorrect, qui transmettra. » La « petite annonce » est parue, vendredi 3 mars, à la « une » du magazine conservateur, sous la forme d’un entretien croisé entre les responsables des mouvements de jeunesse du parti Les Républicains (LR), du Rassemblement national (RN) et de Reconquête. Ceux-ci posent tout sourire, comme trois copains venant de boire une bière, qu’ils ont d’ailleurs prise après l’entretien, réalisé le jour de la Saint-Valentin, le 14 février.
Sur la photo, le zemmourien Stanislas Rigault éclipse le LR Guilhem Carayon, relégué à la marge, et ouvre sa paume droite à Pierre-Romain Thionnet, le directeur national du Rassemblement national de la jeunesse. Chacun est venu comme il est : chemise blanche et costume de la droite bien élevée pour les deux premiers, polo Fred Perry et baskets Gazelle blanches, dress code de l’extrême droite, pour le dernier.
Comme L’Incorrect est un magazine farceur, il titre : « Les jeunes coupent le cordon », entendez par là ce maudit cordon sanitaire, entrave à son fantasme d’une « union des droites » tirant bien volontiers à l’extrême droite. Le piège se referme sur LR et le vainqueur de l’opération s’affiche, pleine page, en quatrième couverture : Eric Zemmour, et un lien pour adhérer à son parti, Reconquête.
Vocable commun
Sur douze pages, relues et validées par eux, les trois hommes étalent leurs divergences et points d’accord. La seconde colonne est bien fournie. Sur la réforme des retraites ou les services publics, l’antilibéralisme de Pierre-Romain Thionnet, élevé à la pensée du philosophe socialiste et conservateur Jean-Claude Michéa, dénote par rapport aux positions de ses deux contradicteurs.
Mais les trois se rejoignent sur les thématiques du « wokisme », de la laïcité et de l’immigration, partagent un vocable commun, et concluent dans un esprit de concorde : « J’espère vraiment que nous nous retrouverons tous sous la même bannière pour battre Emmanuel Macron et son successeur », lance Pierre-Romain Thionnet.
« Sur beaucoup de questions, on a des points de convergence, notamment sur l’insécurité et la crise civilisationnelle », relance Guilhem Carayon, qui prend soin de préciser que son parti est le seul en mesure de relever le pays. A Stanislas Rigault le dernier mot : « Je suis certain que face à l’enjeu de civilisation qui attend notre génération, nous finirons par travailler ensemble, pour gagner ensemble. »
Il vous reste 71.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.