Tout le plaisir est pour elle. A l’invitation de « [son] ami » Matteo Salvini, Marine Le Pen doit se rendre, dimanche 17 septembre, à Pontida, près de Bergame, en Italie, où elle s’affichera aux côtés du patron du parti transalpin d’extrême droite la Ligue. Sa venue au traditionnel raout de M. Salvini dans le cœur battant de la Ligue illustre leur proximité politique, rappelant les préférences du Rassemblement national (RN) en Italie et jetant le trouble au sein de la coalition au pouvoir.
La figure de l’extrême droite française doit prononcer à la mi-journée un discours d’une vingtaine de minutes, au lendemain de la rentrée de son parti, dans le Gard. C’est par une vidéo et un large sourire qu’elle a annoncé sa présence à Pontida où, depuis 1990, la Ligue exaltait jadis les passions autonomistes, aujourd’hui un populisme de droite radicale.
Pourquoi elle et pas Jordan Bardella, tête de liste du parti pour les élections européennes de juin 2024 ? « L’invitation était adressée à Marine Le Pen, avec qui le lien amical et politique est plus fort », dit-on au RN, soulignant que MM. Bardella et Salvini ont échangé en juillet par visioconférence. En avril, le premier, encore largement inconnu dans le pays d’origine de sa famille où il se rend souvent, n’avait été reçu qu’en privé par le second, qui est vice-président du conseil italien et ministre des infrastructures dans le gouvernement Meloni. Depuis, la configuration a changé au sein de la coalition de droite dirigée par Giorgia Meloni, où la Ligue, d’un côté, et Forza Italia (FI), de l’autre, sont des alliés parfois turbulents. La perspective des élections européennes, où chacun partira de son côté, n’arrange rien.
Cordon sanitaire toujours solide
Si toutes ses composantes partagent l’objectif de construire une majorité européenne alternative de droite, en brisant l’alliance actuelle entre centre droit et centre gauche au Parlement européen, l’inclusion du RN en son sein divise. « Nous invitons Marine Le Pen pour rappeler à tous que la droite européenne n’arrivera à rien si elle ne se réunit pas sous le modèle italien », affirme au Monde Marco Zanni, député européen de la Ligue et président du groupe Identité et démocratie, auquel appartiennent le RN et le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Au niveau européen, le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni entend incarner la force motrice des conservateurs et rêve toujours d’alliance avec le Parti populaire européen (PPE) – qui regroupe les droites conservatrices –, dont Forza Italia est un pilier historique, quoique affaibli. Or l’union de ces trois droites se heurte à un cordon sanitaire toujours solide face aux alliés français et allemand de M. Salvini. Manfred Weber, le président du PPE, l’a récemment rappelé, ainsi qu’Antonio Tajani, vice-président du conseil italien et secrétaire de FI, après l’annonce de la visite à Pontida de Marine Le Pen. « Nous ne pouvons pas nous allier avec Le Pen car nos valeurs sont différentes des siennes », a souligné M. Tajani. A Fratelli d’Italia, on oppose à cette visite un mutisme prudent, convenant simplement que M. Salvini peut inviter à sa fête qui bon lui semble.
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