La liste indépendantiste a remporté la triangulaire du second tour des élections territoriales qui l’opposait à deux listes autonomistes, avec 44,29 % des voix, selon les résultats provisoires publiés par le Haut-Commissariat, dimanche 30 avril (lundi 1er mai en métropole), en Polynésie. La participation, traditionnellement forte pour ce type de scrutin, est en augmentation par rapport à 2018 puisqu’elle a atteint 69,4 %. Le président sortant, Edouard Fritch (38,5 %), englué dans ses erreurs de communication pendant l’épidémie de Covid, et plombé par la création d’une nouvelle taxe un an avant le scrutin, va quitter la somptueuse présidence polynésienne après neuf ans au pouvoir. L’autre liste autonomiste était menée par des dissidents de son parti et a réuni 17,21 % des voix.
Pour Oscar Temaru (78 ans), qui a créé son parti en 1977, cette victoire est la plus belle aux élections territoriales. Elle ne signifie pas pour autant que son idéal d’indépendance est partagé par une majorité de Polynésiens. La campagne des six partis d’opposition au gouvernement a beaucoup tourné autour du « dégagisme » et du rajeunissement de la classe politique. Edouard Fritch (71 ans) était déjà ministre en 1984, dans le premier gouvernement de la Polynésie autonome. Allié à 42 maires (sur 48 communes), il a présenté une liste de candidats âgés. Certains de ses colistiers étaient, comme lui, de presque tous les gouvernements depuis quatre décennies. Face à eux, le Tavini a présenté des candidats plus jeunes, comme les députés Moetai Brotherson (51 ans), Steve Chailloux (37 ans) et Tematai Le Gayic (22 ans), le benjamin de l’Assemblée nationale.
Distancé de près de cinq points dès le premier tour, Edouard Fritch a tenté une étonnante alliance avec Gaston Flosse (91 ans). Les deux hommes ont été très proches pendant trois décennies et ont gouverné ensemble jusqu’à la première peine pour inéligibilité de M. Flosse, en 2014, et la prise de pouvoir d’Edouard Fritch. Gaston Flosse était ensuite devenu très virulent envers son ancien gendre. Chantre de l’autonomie, il était même devenu souverainiste en 2020. Toujours inéligible en 2023, il a cependant poussé son parti à présenter une liste, qui a manqué de peu la qualification au second tour. La réconciliation des deux hommes, les larmes aux yeux, au surlendemain du premier tour, n’a pas convaincu : leurs programmes étaient opposés sur de nombreux points, en particulier sur l’avenir statutaire.
Un indépendantiste radical à la tête de l’assemblée
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