La visite était seulement politique et aura duré moins de vingt-quatre heures. Mardi 5 septembre, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin répondait à l’invitation des députés du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) qui faisait sa rentrée parlementaire en Guadeloupe. « On voulait le vrai ministre des outre-mer », raillent plusieurs députés LIOT, lorsqu’on évoque Philippe Vigier, actuel ministre délégué aux outre-mer, mais surtout fondateur du groupe qu’il a quitté pour rejoindre les alliés présidentiels. « Nous n’aurions pas compris que Gérald Darmanin ne vienne pas », note Olivier Serva, député (LIOT) de la première circonscription de Guadeloupe, très fier de « la toute première rentrée parlementaire en outre-mer depuis 1794 ».
Chez LIOT, on est très conscient du poids que pèse le groupe de 21 députés aux yeux d’un gouvernement à la recherche d’une majorité à l’Assemblée nationale. En mars, la motion de censure transpartisane sur la réforme des retraites qu’il avait déposée a failli le faire tomber, à neuf voix près. « Si en répondant à notre invitation il s’agissait de nous séduire, c’est un minimum de bon sens, assume Bertrand Pancher, député de la Meuse et président du groupe, lors d’une conférence de presse clôturant la rencontre entre le ministre et une bonne dizaine de députés. Nous, on ne demande qu’à travailler dans de bonnes conditions avec la minorité présidentielle. »
Et les conditions semblaient réunies, mardi. Notamment en raison des liens d’amitié qu’entretient M. Darmanin avec certains membres du groupe, tissés dans d’autres chapitres de leur vie politique. Du côté du ministre de l’intérieur, on évoque aussi une volonté de discussion, de faire vivre le débat démocratique, d’y mettre un peu d’empathie, voire d’émotion. « Il n’y a pas la vérité dans la majorité et la débilité dans ce que disent les oppositions », a déclaré Gérald Darmanin. Pour se ménager des alliés ? « C’est un politicien, il fait de la politique, il tisse des compromis », répond Bertrand Pancher, rappelant que la méthode a pourtant été peu éprouvée par le gouvernement depuis le début du quinquennat.
« On attend de voir »
Si les problématiques ultramarines, la révision constitutionnelle et les velléités autonomistes des territoires ont été évoquées, les débats ont aussi porté sur le projet de loi immigration qui doit revenir en séance au Sénat « sans doute au mois de novembre », selon M. Darmanin, alors que le gouvernement cherche encore une majorité sur le texte. « Le projet de loi présenté par le gouvernement nous semble équilibré, et nous souhaitons qu’il le reste », a approuvé Bertrand Pancher, bien que les autres accords qui seront trouvés, à droite notamment, pourraient redonner de la combativité à ce groupe parlementaire.
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