Douze millions d’élèves sur le chemin de l’école pour une rentrée pleine de défis

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C’est bel et bien la fin des vacances. Quelque 12 millions d’élèves − 6,4 millions d’écoliers, 3,4 millions de collégiens et 2,2 millions de lycéens − font leur retour en classe, lundi 4 septembre, en France.

Débarqué en juillet Rue de Grenelle, Gabriel Attal fait, lui, sa première rentrée dans le costume de ministre de l’éducation nationale. Du prix d’achat des fournitures scolaires au poids du cartable, qu’il souhaite voir divisé par deux, comme il l’a déclaré dimanche soir sur M6, le ministre a multiplié les annonces, avec la volonté de s’emparer de sujets « concrets ».

C’est cependant l’interdiction controversée de l’abaya, longue robe traditionnelle couvrant le corps portée par certaines élèves musulmanes, qui a dominé médiatiquement la rentrée. L’exécutif, au nom de la défense de la laïcité, a appelé à « faire bloc » sur cette interdiction, qui vaut aussi pour le port du qamis, version masculine de ce vêtement. Comme ce qui a été prévu par la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles, les élèves récalcitrants se verront accueillis par l’établissement mais pas en classe, et une phase de dialogue s’ouvrira entre la famille et l’éducation nationale.

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Dans le sillage du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, qui a décidé de faire de l’école « son domaine réservé », le gouvernement, deux mois après les émeutes, souhaite incarner une ligne de fermeté en matière éducative. Sur la laïcité ou les savoirs fondamentaux sur lesquels Gabriel Attal veut « mettre le paquet ».

Or, si les chefs d’établissements ont salué l’interdiction, de nombreux enseignants jugent que la question de l’abaya « ne doit pas cacher les problématiques réelles du terrain ».

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« Devoir républicain »

La rentrée 2023 se déroulera en effet à nouveau sous tension en raison d’une crise du recrutement des enseignants − un phénomène qui n’est pas nouveau mais qui s’est accentué depuis l’an dernier −, avec, cette année, plus de 3 100 postes non pourvus aux concours enseignants. Dans le Vaucluse, Emmanuel Macron a réaffirmé vendredi que la promesse d’« un professeur devant chaque classe » à la rentrée serait « tenue » : « un devoir républicain », selon lui.

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Selon un sondage du syndicat SE-UNSA, mené auprès de 2 000 personnes, 68 % des enseignants interrogés disent pourtant craindre pour la rentrée qu’il y ait un manque de personnels.

Pour résoudre la crise des vocations, l’exécutif met en avant sa politique de revalorisation « historique » qui vise en particulier les débuts de carrière. Mais, en dépit de l’effort budgétaire consenti, les syndicats ont accueilli avec beaucoup de réserve ces mesures, et avec une franche hostilité la mise en place du « pacte ». Celui-ci prévoit de nouvelles hausses de salaire en contrepartie de nouvelles tâches, notamment pour effectuer des remplacements de courte durée, un serpent de mer dans l’éducation nationale. Le gouvernement estime qu’il peut agir comme un remède pour s’attaquer aux 15 millions d’heures non remplacées par an.

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Elisabeth Borne et Gabriel Attal en déplacement

Lundi, la première ministre, Elisabeth Borne, et Gabriel Attal, qui se rendront en Ille-et-Vilaine − à l’école Amandine-Mallet à Saint-Germain-sur-Ille et au lycée général et technologique Simone-Veil de Liffré −, aborderont le renforcement des fondamentaux en mathématiques et en lecture, mais aussi le fameux pacte, censé offrir « une meilleure reconnaissance de l’engagement des enseignants ».

La lutte contre le harcèlement sera aussi une autre priorité de cette année scolaire. Un nouveau plan sera dévoilé d’ici à la fin septembre.

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Pour la FCPE, principale fédération de parents d’élèves, le sujet de l’abaya ne doit « pas occulter les questions liées au manque de personnels de direction, d’AESH, d’infirmières (…) ou la priorité à donner à la lutte contre le harcèlement, aux effectifs surchargés des classes, à la lutte contre le décrochage scolaire, aux milliers d’enfants sans toit. Les préoccupations des parents, c’est aussi l’école inclusive, qui reste une promesse non tenue pour beaucoup d’enfants en situation de handicap, l’inflation qui touche les familles au quotidien, les lycéens sans affectation ».

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Le Monde avec AFP

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