Dans la déclaration d’intérêts de Didier Paris, un seul mot figure dans la case dédiée aux « fonctions bénévoles susceptibles de faire naître un conflit d’intérêts » : « Néant ». Le député Renaissance de la Côte-d’Or n’a pas jugé nécessaire d’y faire figurer son poste de coprésident de l’Association nationale des élus de la vigne et du vin (ANEV), qui défend les intérêts de la filière.
« C’est une simple association d’élus, et ce poste n’est pas rémunéré, se justifie Didier Paris. Je n’étais pas persuadé qu’il faille faire une déclaration. » Ayant échangé récemment avec la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), l’élu promet néanmoins de rectifier sa déclaration « prochainement ». La règle avait pourtant été rappelée clairement par la HATVP en 2016 : puisqu’ils ont clairement « une finalité de lobbying », les clubs d’élus comme l’ANEV doivent apparaître dans les déclarations d’intérêts des parlementaires.
Didier Paris n’est pas un cas isolé. Les omissions et approximations fourmillent dans les déclarations d’intérêts et d’activités des députés élus en 2022, rendues publiques le 15 février. Ce qui fait douter de la capacité de cet outil de transparence à jouer efficacement son rôle de prévention des conflits d’intérêts.
« Je n’ai pas d’explication »
Ces « oublis », volontaires ou fortuits, prennent différentes formes. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France, Essonne) a, par exemple, omis de déclarer son salaire de conseiller communautaire du Val d’Yerres en 2017, parce qu’il « ne retrouve pas le chiffre ». Même problème du côté de Philippe Juvin (Les Républicains, LR, Hauts-de-Seine), qui « ne trouve pas de fiche de paie » pour son mandat de conseiller communautaire de la métropole du Grand Paris en 2021 et 2022.
L’élue des Bouches-du-Rhône Sabrina Agresti-Roubache (Renaissance) a, de son côté, oublié de déclarer le mandat d’administratrice de la société World Trade Center Marseille Provence, qu’elle exerçait jusqu’à son élection, alors que la HATVP exige de remonter sur cinq ans pour prévenir les risques de conflits d’intérêts liés aux fonctions passées. Le député du Var Franck Giletti (Rassemblement national), lui, n’a listé aucun collaborateur parlementaire dans sa dernière déclaration modificative. « Je n’ai pas d’explication », déclare-t-il, appelant à se référer à sa précédente déclaration, sur laquelle ils figuraient bien.
Certes, la qualité des déclarations d’intérêts a très nettement progressé par rapport à l’époque de la transparence balbutiante : en 2014, les premières déclarations des parlementaires étaient numérisées à partir de documents manuscrits remplis à la hâte, truffés de mentions illisibles et de ratures.
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