A Saint-Brevin-les-Pins, la gauche amorce un « sursaut républicain » contre les violences envers les élus et contre l’extrême droite

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Tout le monde l’attend. A 18 heures, ce mercredi 24 mai, Yannick Morez sort finalement de la mairie de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), commune de 14 000 habitants qu’il dirige depuis 2017. Echarpe tricolore autour de la poitrine, accompagné de son équipe municipale, l’édile (divers droite) sonde la foule du regard avant de prendre la parole. Face à lui, quelque 2 000 citoyens, syndicalistes et élus qui ont marché dans les rues de la coquette station balnéaire. Au premier plan, des visages connus comme celui de Johanna Rolland, maire (Parti socialiste, PS) de Nantes. C’est elle qui a mobilisé la majorité des responsables politiques de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale : Olivier Faure (PS), Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin (La France insoumise, LFI), Marine Tondelier et Sandrine Rousseau (Europe Ecologie-Les Verts, EELV), Fabien Roussel (Parti communiste français)…

Tous ont fait le déplacement, ce mercredi, pour soutenir Yannick Morez, devenu le « symbole » des élus victimes de violences depuis qu’il a, mercredi 17 mai, méticuleusement détaillé les raisons de sa démission devant la commission des lois du Sénat. L’édile a dénoncé « l’abandon » des pouvoirs publics alors qu’il orchestrait le projet, voulu par l’Etat, de déménagement d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile à proximité d’une école.

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Au fil des semaines, une poignée d’habitants, rejoints par des militants d’extrême droite, ont contesté l’installation. Menaces et injures ont déferlé à l’endroit, notamment, de Yannick Morez. L’élu a alerté gendarmes, sous-préfet, préfet, procureur. Sans succès. Dans la nuit du 23 mars, les deux véhicules du maire ont été volontairement incendiés. En réponse, peu de soutien. Puis, il y a eu cette manifestation du samedi 29 avril durant laquelle les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogène pour maintenir à distance des militants d’extrême droite et d’extrême gauche prêts à en découdre. Début mai, une nouvelle altercation dans les rues de Saint-Brevin-les-Pins, en présence de sa famille, a convaincu Yannick Morez de jeter l’éponge. Médecin généraliste, il a aussi annoncé vouloir quitter la commune dans laquelle il vit pourtant depuis trente-deux ans.

Arrêter « le chahut » à l’Assemblée

« Je ne m’attendais pas à voir autant de monde ce mercredi », entame Yannick Morez, les yeux rougis par l’émotion. Il tente de contenir les trémolos qui lui piquent la voix : « Depuis l’annonce de ma démission, je suis plongé dans un tourbillon médiatique. J’ai décidé de tout dire, de tout révéler pour alerter. Mon histoire relève d’un problème national. » Face à lui, les édiles opinent comme une évidence. D’après les chiffres du ministère de l’intérieur, les violences envers les élus ont augmenté de 32 % en 2022. « Une réalité largement sous-estimée et intolérable, déclare Johanna Rolland, agacée. Quand un élu est attaqué, c’est la République qui recule. D’autant qu’ici il y a un contexte singulier. L’extrême droite a joué un rôle que je refuse de passer sous silence. Jamais plus un maire ne doit se sentir abandonné. Il doit y avoir un avant et un après Saint-Brevin. »

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