Le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) n’aura jamais compté autant de soutiens qu’une fois parti. Yannick Morez (divers droite) a officialisé, le 10 mai, sa démission et son départ de la cité balnéaire de treize mille habitants – point d’orgue de plusieurs mois de menaces et violences subies en réaction au projet d’ouverture d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA).
Sa décision lui a valu l’appui des plus hautes autorités de l’Etat, qu’il réclamait depuis des mois, d’Emmanuel Macron à Elisabeth Borne. La première ministre a promis de recevoir l’élu. « Il l’a appris en regardant le JT de 13 heures », déplore son directeur de cabinet. Rendez-vous est donné à Matignon mercredi 17 mai. Le préfet de Loire-Atlantique, Fabrice Rigoulet-Roze, reporte d’ici là l’instruction de sa démission. L’entourage de l’édile coupe court : « C’est fini, il ne changera pas d’avis. »
« Sa vie était devenue infernale. Qu’importent les désaccords, il n’avait pas le droit d’être menacé à ce point. J’en venais à m’étonner de le croiser au marché ou sur ma terrasse sans protection policière », raconte Alain Debaere, patron du bar Le 7 Beaufort, pourtant « pas grand copain avec M. le maire ». Comme lui, la plupart des Brévinois croisés jugent qu’il n’avait « plus vraiment le choix » de remiser son écharpe tricolore. « L’opposition au CADA s’est transformée en haine personnelle, souffle Noémie Pastureau, responsable d’un salon de toilettage. Le boulot de maire n’est simple nulle part, d’accord, mais là, on lui a cramé sa baraque, quand même. »
« L’Etat a abandonné le maire »
Derrière la « longue réflexion menée avec [sa] famille » et le « manque de soutien de l’Etat », évoqués par Yannick Morez dans un court texte publié le 10 mai, les administrés pointent le 22 mars. Ce matin-là, l’élu et son épouse ont été sortis du lit par l’alerte de travailleurs matinaux : les flammes léchaient sa maison après avoir ravagé ses deux voitures. Une information judiciaire a été ouverte du chef de « destruction de biens par un moyen dangereux pour les personnes, commise en raison de la qualité de personne dépositaire de l’autorité publique de son propriétaire ou utilisateur ». Aucune interpellation n’a encore eu lieu.
Le médecin généraliste de profession avait depuis réclamé une protection personnelle serrée et l’interdiction de manifestations toujours plus violentes contre le CADA. La préfecture s’est encore défendue vendredi 12 mai : « Des patrouilles systématiques ont été mises en place, notamment de nuit, et avec au moins quatre passages par jour devant le domicile du maire. » Insuffisant pour le sexagénaire, passé dans le viseur de l’extrême droite, qui a mené bataille sur les réseaux sociaux et dans des manifestations, en appui aux premiers riverains.
Il vous reste 63.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.