« A quand une véritable vision d’avenir pour Mayotte et son environnement ? »

0
80

Avec « Wuambushu », le gouvernement français a lancé depuis fin avril à Mayotte une opération de grande ampleur ayant pour objectifs affichés la destruction de bidonvilles, l’expulsion de milliers de personnes étrangères en situation irrégulière et le démantèlement de bandes délinquantes.

On ne peut ignorer les difficultés de Mayotte. Mais par le choix du gouvernement d’une option purement sécuritaire ne traitant que des symptômes, l’opération « Wuambushu » ressemble fort à une impasse : elle ne règle aucun problème de fond, accroît au contraire les tensions entre habitants de l’île et aggrave la grande pauvreté de personnes déjà très précaires. Elle renforce l’amalgame dangereux qui vise à faire croire que l’immigration serait la seule responsable de l’insécurité comme de l’engorgement de services publics sous-dimensionnés.

S’il faut bien sûr s’atteler à réduire la délinquance et les violences, celles-ci, notamment la délinquance juvénile, sont en grande partie la résultante de phénomènes d’exclusion. La résorption des bidonvilles est indispensable à terme mais, à Mayotte comme ailleurs, l’expulsion sans solution ne fait que déplacer et aggraver les problèmes.

Lire aussi notre éditorial : Le piège de Mayotte

Les démolitions d’habitats – qui peuvent être mises en œuvre sans jugement depuis la loi évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN) de 2018 à Mayotte et en Guyane – entravent le suivi médical et social des familles. Les « relogements » promis, malgré le développement récent de logements sociaux sur le territoire (près de 2 000 existants), s’avèrent en grande majorité des solutions d’hébergement provisoires souvent inadaptées à la réalité quotidienne des familles, notamment en matière d’éloignement des lieux de scolarisation des enfants.

Appels à la haine

Les expulsions du territoire – qui sont fréquemment l’occasion de pratiques illégales telles que le rattachement arbitraire d’enfants à des adultes tiers en vue de leur éloignement – n’empêchent pas le retour, au péril de leur vie, de celles et ceux qui n’ont d’autres choix pour leur avenir et celui de leurs familles que de revenir à Mayotte, l’une des îles de l’archipel des Comores, où elles ont des liens, de la famille, et, du fait des écarts considérables de niveaux de vie entre les îles de l’archipel, l’espoir d’une vie meilleure.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Opération « Wuambushu » : les gendarmes ratissent Mayotte à terre comme en mer

Comme il était à craindre, les premières semaines de l’opération ont eu pour résultat d’attiser les appels à la haine et aux actions violentes. Les situations de vulnérabilité se sont aggravées, des familles ont été séparées.

Il vous reste 63.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici