A Mayotte, des militants radicaux appellent le gouvernement à ne pas faiblir face à l’immigration

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Une vingtaine de personnes ont manifesté mardi 14 mars tôt dans la matinée place de la République, à Mamoudzou, pour apporter leur soutien à l’opération « Wuambushu » du ministère de l’intérieur. Celui-ci prévoit à Mayotte, entre avril et juin, des destructions massives de bidonvilles et des expulsions d’étrangers en situation irrégulière plus nombreuses qu’à l’accoutumée. Annoncée depuis janvier, l’opération mobilisera des renforts inédits de forces de l’ordre, mais des obstacles matériels et juridiques risquent d’en limiter la portée.

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Au grand dam d’élus et de militants radicaux, qui attribuent l’insécurité croissante du département à l’immigration clandestine. « Wuambushu, chez nous, ça veut dire provoquer, défier, peut-être que ce n’est pas tout à fait ce que voulait dire le gouvernement mais nous, on le prend bien comme ça », lance Fatihou Ibrahime, dans un sourire. A genoux sur une banderole, bombe de peinture à la main, le quadragénaire, membre éminent du Collectif des citoyens de Mayotte et intervenant de la chaîne locale Kwezi TV, met en forme le message du jour : « Wuambushu, indispensable et voulue pour et par Mayotte ». Objectif : appeler le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, à ne pas mollir quant à son ambition de raser plus d’un millier de cases en tôle et de quadrupler le nombre quotidien des reconduites à la frontière, lequel atteint en moyenne soixante-dix personnes.

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Devant le bâtiment du comité du tourisme se sont déplacés mardi 14 mars des membres du Rassemblement national, mais aussi des citoyens appartenant à divers collectifs, Les Femmes leaders, le Comité de défense des intérêts de Mayotte (Codim), ou le Collectif des citoyens conviés par la députée Estelle Youssouffa (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, LIOT). Un groupe dont il a été difficile d’extraire un porte-parole. Après conciliabule, sur fond sonore de Maoulida Shengué – un chant traditionnel devenu hymne des partisans de Mayotte française dans les années 1970 –, Fatihou Ibrahime se prête au jeu. « Ce n’est en rien une question de racisme ou de xénophobie, c’est d’abord une question de responsabilité, cela fait longtemps que les Mahorais demandent que ce problème [l’immigration clandestine, essentiellement venue des Comores voisines] soit traité », affirme-t-il en voulant rassurer.

« La guerre civile couve »

Mais dans le communiqué publié pour l’occasion, les binationaux sont présentés comme « déterminés à prendre le contrôle sur [notre] île » et les autorités des Comores sont accusées de déstabilisation dans le 101e département français qu’elles continuent de revendiquer. Le collectif dénonce le soutien de « certaines forces puissantes et bien installées » aux « actions sournoises en faveur d’un rapprochement politique avec les Comores, par la protection voire la promotion de l’immigration clandestine sous couvert d’humanisme mal placé ». Des citoyens sont « prêts à tout » pour se défendre, assure M. Ibrahime, qui appelle à multiplier les manifestations.

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