Dans un Hémicycle encore empreint du combat des retraites, la journée réservée aux textes du groupe communiste, jeudi 4 mai, à l’Assemblée nationale, a illustré une nouvelle fois le fossé béant entre la majorité relative d’Emmanuel Macron et l’ensemble des groupes d’opposition. Au Palais-Bourbon, les députés communistes ont fait adopter deux propositions de loi, l’une abrogeant la suspension des soignants non vaccinés au Covid-19 et la seconde visant à « protéger le groupe Electricité de France [EDF] d’un démembrement ».
Les communistes ont reçu à chaque fois le soutien des autres composantes de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), du Rassemblement national (RN), des Républicains (LR) et des élus du groupe hétéroclite Liberté, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT). Ils ont en revanche échoué à faire adopter leur proposition de résolution condamnant « l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid ».
Alors qu’une journée de niche parlementaire prend d’ordinaire fin à minuit, la séance a dû être interrompue aux alentours de 23 heures après le « malaise grave » d’une fonctionnaire de l’institution dans l’Hémicycle au cours d’une suspension de séance, a fait savoir au perchoir la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Une fois son « état stabilisé », celle-ci a été prise en charge immédiatement par les secours, avant d’être évacuée à l’hôpital, a précisé l’élue des Yvelines.
Quelques minutes avant ce drame, les débats s’étaient envenimés entre les députés communistes et ceux du groupe présidentiel Renaissance, accusés par l’ensemble des oppositions d’avoir usé de manœuvres d’obstruction pour ralentir les débats et empêcher le vote de la proposition de loi communiste visant à indexer sur l’inflation la dotation globale de fonctionnement, versée par l’Etat aux collectivités locales. Outre la quarantaine de sous-amendements déposés par les députés macronistes sur le texte quelques minutes avant son examen, les ministres de l’économie, Bruno Le Maire, et des comptes publics, Gabriel Attal se sont succédé durant plus d’une heure à la tribune de l’Hémicycle pour exprimer leur opposition à une mesure jugée trop coûteuse.
« Mépris du Parlement »
« S’il faut s’étendre deux heures sur les finances publiques, je n’hésiterai pas à le faire. A 2,7 milliards d’euros, je peux parler très très longtemps », a même ironisé le locataire de Bercy face à des élus de gauche ulcérés. « On avait commencé le débat sur les retraites en disant : “vous nous faites pitié”. Ce soir, constatant votre absence de majorité, on peut dire que vous êtes pitoyable », a fustigé le député communiste de Seine-Maritime, Sébastien Jumel, allant jusqu’à dénoncer une « diarrhée verbale ministérielle ». « Cette manière de procéder est un mépris du Parlement », a-t-il conclu, avant que la séance ne dégénère et ne soit interrompue pour la dernière fois de la soirée.
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