A l’Assemblée nationale, le camp Macron tenté de retirer au RN ses postes-clés

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Une adresse en forme de mise en garde. Devant les députés Renaissance, réunis pour leur rentrée à Louan-Villegruis-Fontaine (Seine-et-Marne), la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, est venue transmettre un message, ce jeudi 14 septembre : pour elle, hors de question que les équilibres politiques de l’institution soient chamboulés. « Le souhait qui est le mien (…) c’est de prôner le statu quo », avance-t-elle, arguant du soutien des présidents de groupe de la majorité, de celui de Franck Riester, ministre des relations avec le Parlement, ainsi que ceux de Matignon et de l’Elysée. Une déclaration suivie d’un long silence dans l’assistance, signe de la désapprobation des élus macronistes présents ce jour-là.

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Si Mme Braun-Pivet monte alors au créneau, c’est parce que nombre de députés du camp présidentiel veulent remettre en question la composition du bureau de l’Assemblée – la plus haute instance de l’institution –, dont la reconduction doit avoir lieu le 2 octobre. Du temps où prévalait la majorité absolue au Palais-Bourbon, le renouvellement tacite des députés aux postes les plus importants de l’institution (la présidence, six vice-présidences, trois questeurs et douze secrétaires) s’apparentait chaque année à un non-événement. La stabilité était alors la règle.

Mais sous cette 16e législature, la situation de majorité relative fait vaciller toutes les coutumes parlementaires. D’autant qu’un dilemme s’impose à tous les groupes, et n’épargne pas Renaissance : faut-il reconduire le bureau actuel, alors qu’y figurent deux vice-présidents issus du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu (Nord) et Hélène Laporte (Lot-et-Garonne) ?

Remords

Bénéficiant du statut de second groupe le plus important à l’Assemblée nationale avec 88 députés, la formation d’extrême droite a obtenu, fin juin 2022, deux sièges de vice-présidents sur les six en jeu. Un résultat acquis dès le premier tour du scrutin, grâce à l’apport de voix macronistes et de la droite. Accusés par la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes) d’avoir favorisé l’accession de l’extrême droite aux plus hautes responsabilités de l’Assemblée, le camp macroniste et Les Républicains justifiaient alors leur choix en invoquant le nécessaire respect des équilibres politiques, issus des urnes, après les élections législatives de 2022.

Pour s’accorder sur la répartition des vingt-deux postes du bureau, les présidents des groupes parlementaires se sont appuyés sur un système à points en place depuis 2017, censé garantir la représentation proportionnelle de chaque formation. Or, en cas de désaccord, les 577 députés sont appelés à se prononcer par un vote à bulletin secret, comme ce fut le cas en juin 2022.

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