lundi, mai 20
La raffinerie Esso, exploitée par Exxon Mobil, dans la  zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), le 6 janvier 2023.

L’annonce a pris de court toute la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). En révélant, le 11 avril, qu’il entrait en négociation exclusive pour vendre sa raffinerie Esso, basée sur la commune provençale, au consortium international Rhône Energies, le géant des hydrocarbures ExxonMobil a surpris salariés, acteurs économiques et politiques locaux.

« Quatre mois plus tôt, je recevais dans mon bureau les dirigeants du site pour leur demander comment ils comptaient s’inscrire dans la dynamique de décarbonation et de baisse de la consommation de pétrole qui touche notre territoire. Ils m’ont répondu qu’ils n’avaient aucune inquiétude sur la pérennité de l’usine, qu’elle avait une bonne rentabilité et que le pétrole était encore appelé à durer de nombreuses années… En fait, ils étaient en train de vendre », raconte, un brin agacé, René Raimondi, le maire (sans étiquette) de Fos.

Située au plus près de cette ville de 17 000 habitants, ses cuves de stockage dominant la plage du Cavaou, la raffinerie Esso est un des plus anciens sites du complexe pétrochimique et industriel né dans les années 1960 entre l’étang de Berre et la mer Méditerranée. Capable de traiter 140 000 barils de pétrole brut par jour, elle représente près de 10 % des capacités de raffinage en France. Avec ses 310 salariés, elle n’est pas un employeur aussi imposant qu’ArcelorMittal, son voisin et géant de la sidérurgie, qui fait travailler plus de trois mille personnes. Mais son destin reste intimement lié à celui des habitants de la zone de Fos-sur-Mer. « Un emploi à la raffinerie, ce sont cinq emplois indirects », rappelle Lionel Arbiol, représentant CGT au comité social et économique (CSE) d’ExxonMobil France.

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Comme M. Raimondi, qui dit « surveiller la situation avec attention », le responsable syndical n’a pas vu le changement de propriétaire arriver. « Rien n’avait filtré », reconnaît-il. Le 11 avril, il a découvert que, malgré ses 92 milliards de dollars (plus de 85 milliards d’euros) de bénéfice net entre le début de 2022 et la fin de 2023 au niveau mondial, son groupe allait restructurer ses branches françaises. Fermeture des activités pétrochimiques à Gravenchon, sur la commune de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), avec, à la clé, la suppression de 647 postes. Et vente de la raffinerie de Fos et des dépôts de Toulouse et de Villette-de-Vienne (Isère) à Rhône Energies, une nouvelle entité formée par deux spécialistes du secteur pétrolier : le tradeur suisse Trafigura et l’opérateur américain de raffineries Entara.

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