mardi, décembre 16

Exemple chimiquement pur des pulsions populistes qui agitent le pays, la révolte qui se développe en Occitanie contre la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse permet de disséquer le mécanisme à l’œuvre : autour de la réelle détresse et de la légitime colère des éleveurs bovins contraints d’abattre la totalité de leurs troupeaux dès lors que l’une de leurs bêtes est atteinte, tout un discours se développe à rebours des préconisations des scientifiques.

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon contestent l’abattage systématique des troupeaux ; deux syndicats agricoles, la Coordination rurale (proche de l’extrême droite) et la Confédération paysanne (classée à gauche), d’ordinaire aux antipodes, se rejoignent pour mettre en cause la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui, en complicité avec le gouvernement, chercherait coûte que coûte à préserver le modèle d’une agriculture extensive et exportatrice.

La vaccination systématique, qu’ils présentent comme une alternative crédible, a en effet pour conséquence de compromettre les exportations. Un combat des petits contre les gros se développe. Dans une lettre ouverte au premier ministre, Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie, invoque « le désespoir d’un peuple » et presse le gouvernement d’y répondre de peur que les tensions ne « s’aggravent dans de nombreux départements ». Sébastien Lecornu, d’ordinaire habile à démêler les dossiers les plus difficiles, hésite, cette fois, à s’exposer. Car que pèse la rationalité d’un discours quand les nerfs sont à vif et que le désespoir submerge tout ?

Pression constante

A l’Assemblée nationale, la défaite de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN), qui ont échoué à faire tomber le gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, n’est que partielle. Le laborieux compromis auquel sont parvenues les forces politiques qui tentent de s’affranchir de leur joug (socialistes, écologistes, formations du bloc central et droite républicaine) s’est fait sous leur pression constante. En clair, il ne s’est pas agi pour les partis situés entre LFI et le RN de trouver le moyen le plus juste de réduire le déficit préoccupant des comptes sociaux.

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