jeudi, juin 27

La veille de la Fête de la musique, Mathilde Caillard, une militante se présentant comme « techno-activiste », connue sous le pseudonyme « MC danse pour le climat », lançait un appel aux professionnels de la musique sur Instagram : « Vous allez être nombreux et nombreuses à avoir un micro entre les mains. Aujourd’hui, en France, beaucoup de personnes aimeraient avoir un micro pour dire la gravité du moment et inciter les gens à aller voter pour battre l’extrême droite. »

Un remix techno de la chanson de 1984 du groupe Bérurier Noir, La jeunesse emmerde le Front national, a été composé pour l’occasion par un membre du collectif Planète Blum Blum. Dans les rues de Paris, ce vendredi 21 juin, la 42e édition de la Fête de la musique ne s’est pourtant pas transformée en moment de mobilisation politique.

« On est là pour danser non  ? »

Aux abords des places parisiennes où se déroulent traditionnellement les manifestations, l’ambiance est à la fête. Didier, 51 ans, chemise hawaïenne et chapeau de paille, sirote un verre de mojito devant un concert de musique cubaine, en bas de la rue de la Fontaine-au-Roi (dans le 11e arrondissement), à côté de la place de la République. « Il faut oublier les élections, on est là pour danser non  ? », lance-t-il dans un geste rassembleur. Les bières remplissent les verres, sous le soleil. Une queue se forme en face d’une pizzeria. Le producteur et compositeur de rap The Alchemist dédicace des tee-shirts à une foule de jeunes gens sur le trottoir. Parmi les passants, quelques maillots de l’équipe de France de football rappellent qu’au même moment, ce vendredi soir, a lieu le match de l’euro opposant la France aux Pays-Bas.

Lire notre article de 2022 : Article réservé à nos abonnés La Fête de la musique, une quadragénaire qui garde son esprit butineur

A un jet de pierre, sur le boulevard Saint-Martin, Juana Sainte-Marie, 34 ans, perruque vert fluo et strass collés aux dents, a installé une table de mixage devant le salon de coiffure qu’elle a ouvert il y a huit mois. Au fond de ce «  lieu polyvalent et polyculturel où tous les types de cheveux sont traités  » trône une perruque aux couleurs du drapeau palestinien. « Il ne faut pas oublier ce qui se passe en ce moment, commente la gérante. Mais on ne va pas parler de politique ce soir. C’est une fête, un moment qu’on offre à nos collègues et aux passants. »

« Une partie d’échecs avec nos vies »

Peu avant le début de la fête, Yael Sainte-Rose, 38 ans, cuisinier, accompagne une formation de gospel qui donne un concert sur la place de la Bastille. Pour lui, cette soirée est l’occasion de « sortir de chez soi, et de sortir du contexte politique actuel ». Décontenancé par l’offre des formations politiques qui se présentent aux élections, il ne sait pas encore à quel parti donner son vote : « À gauche, à droite, devant, derrière. On ne sait plus à qui faire confiance. C’est une partie d’échecs avec nos vies », souffle-t-il.

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