lundi, mai 20

Opposant au régime de Téhéran, le cinéaste Mohammad Rasoulof vient d’être condamné pour « collusion contre la sécurité nationale ».
Il a écopé d’une peine de cinq ans de prison, assortie de coups de fouets, d’une amende et de la confiscation de ses biens.
Une décision qui intervient à quelques jours du 77ème Festival de Cannes, où il doit présenter son nouveau film, « The Seed of the Sacred Fig ».

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Festival de Cannes

La coïncidence est pour le moins troublante. Symbole de l’opposition au régime iranien, le réalisateur Mohammad Rasoulof vient d’être condamné à cinq ans de prison par un tribunal de son pays pour « collusion contre la sécurité nationale« , à quelques jours de l’ouverture du 77ème Festival de Cannes, où son nouveau film doit être présenté en compétition pour la Palme d’or.

Mohammad Rasoulof, 52 ans, a également été condamné à des coups de fouets, à une amende et à la confiscation de ses biens, indique son avocat Me Babak Paknia dans des messages postés sur le réseau X. Ce dernier précise que son client avait écopé de huit ans de prison en première instance, dont cinq applicables, et que la peine avait déjà été confirmée en appel.

Des films primés qui dérangent

À l’instar de Jafar Panahi, cet ancien étudiant en sociologie fait partie d’une génération de cinéastes dont l’œuvre dérange les autorités de Téhéran. En 2017, il a remporté le prix Un Certain Regard à Cannes pour Un homme intègre, l’histoire d’un homme simple qui tente de se battre contre une compagnie privée poussant des villageois à vendre leurs biens. Après avoir été privé de passeport à cause de cette récompense, il a été condamné à un an de prison pour « propagande contre le système« .

Mohammad Rasoulof a ensuite reçu l’Ours d’or du festival de Berlin en 2020 pour Le diable n’existe pas, une réflexion sur le libre arbitre et le devoir de désobéir. Interdit de sortie du territoire iranien, il n’avait pas pu recevoir son prix. En juillet 2022, il allait être arrêté et incarcéré pour avoir soutenu des manifestations déclenchées après l’effondrement d’un immeuble ayant fait plus de 40 morts en mai dans le sud-ouest de l’Iran.

Après ce drame, un groupe de cinéastes iraniens qu’il menait avait publié une lettre ouverte appelant les forces de sécurité « à déposer les armes » face à l’indignation nationale contre « la corruption » et « l’incompétence » des responsables politiques. Libéré de prison début 2023 pour raisons médicales, il allait être invité à faire partie du jury du Festival de Cannes mais il n’avait pas pu faire le déplacement, toujours frappé par une interdiction de voyager.

Bis repetita dans quelques jours ? Le cinéaste a été retenu en compétition sur la Croisette avec son nouveau film The Seed of the Sacred Fig, face à des cinéastes de renom comme Francis Ford Coppola ou David Cronenberg. Le 30 avril dernier, son avocat avait affirmé que les autorités avaient convoqué des membres de l’équipe pour les interroger et qu’ils avaient subi des pressions pour retirer le film de toute manifestation internationale.


Jérôme VERMELIN

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