dimanche, mai 19
Enzo Ferrari (Adam Driver) dans « Ferrari », de Michael Mann.

Vétéran du Hollywood des années 1980-1990, champion du polar urbain mélancolique aux lignes fuselées (Le Solitaire en 1981, Heat en 1995), aventurier de la transition numérique à la charnière du XXIe siècle (Collateral en 2004, Miami Vice en 2006), Michael Mann s’était laissé un peu perdre de vue ces derniers temps. Après un Hacker (2015) en demi-teinte, son seul film des années 2010, il aura fallu huit années pour voir arriver, en France, exclusivement sur Prime Video, chronologie des médias oblige, son Ferrari. Un projet de longue date sur le célèbre constructeur automobile italien, mort en 1988, qui remonte à la publication, début 1990, de la biographie Enzo Ferrari – The Man and the Machine, par Brock Yates (1933-2016), dont le cinéaste avait alors envisagé l’adaptation, avec Robert De Niro dans le rôle-titre.

A la découverte de cet opus magnus incroyablement terne, reviennent des doutes qui ont toujours entouré la carrière de Mann : indubitable styliste, glissant sur les flux et surfaces du monde contemporain, ses films ne reposeraient-ils pas sur une certaine vacuité ? La question se pose d’emblée devant Ferrari, saga italienne pur jus tournée in situ au cœur de la vallée du Pô, en Italie, mais dont le casting international pratique une sorte d’anglais avec l’accent étranger, convention hollywoodienne quelque peu exotique, aux relents de contrefaçon, qui rendait déjà difficile l’appréhension de House of Gucci (2021) de Ridley Scott.

Homme partagé entre deux foyers

Le récit s’ouvre à Modène en 1957, dix ans après la création, au lendemain de la guerre, de la maison Ferrari, entreprise familiale cogérée par l’ancien pilote automobile Enzo (Adam Driver) et sa femme Laura (Penelope Cruz), qui en assume la part financière. Période critique pour le constructeur, dont la société en manque de liquidités en vient à devoir ouvrir son capital à des investisseurs extérieurs, au risque de se retrouver fondue dans de plus grosses entités et de perdre son âme.

La seule alternative serait de remporter, au nez et à la barbe du concurrent Maserati, la prochaine course des Mille Miglia, les célèbres 24 heures Brescia-Rome-Brescia, offrant tel un coup d’éclat publicitaire qu’il gonflerait le carnet de commandes. Un jeune et ambitieux pilote, Alfonso De Portago (Gabriel Leone), qui pourrait bien faire la différence, vient justement renforcer la Scuderia Ferrari. Au chef d’équipe revient de répondre à des enjeux à la fois techniques (dessiner un moteur plus performant), financiers, publicitaires (dresser des écrans de fumée) et d’ordre personnel, car un an après la mort de son fils Dino, l’homme est partagé entre deux foyers.

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