Malgré l’impression laissée par des mois de juin et de juillet assez maussades, voire très pluvieux, dans certaines régions, l’été 2024 se classe déjà selon Météo-France parmi les dix plus chauds depuis le début des relevés sur tout le pays, en 1947. A nouveau, le pourtour méditerranéen n’a localement pas été épargné par des sécheresses qui sortent des normales climatiques.
C’est le cas d’une partie des Pyrénées-Orientales, comme en témoignent les paysages à proximité de Perpignan où il est tombé moins de 300 millimètres durant les douze derniers mois. Cette sécheresse climatique qui touche ce département depuis plusieurs années se caractérise à la fois par une pluviométrie particulièrement faible, mais aussi, l’été, par des températures journalières maximales de plus en plus élevées et qui de fait augmentent la demande évaporative globale.
Combinée à une gestion inadaptée des milieux naturels, agricoles et urbains, mais aussi au principe illusoire d’une ressource en eau illimitée, cette sécheresse climatique se transforme en une sévère sécheresse des sols, notamment agricoles, et en une sécheresse hydrologique historique, c’est-à-dire en une baisse du niveau des cours d’eau et des nappes classée parmi les plus importantes depuis leur suivi. Au sein des territoires, aujourd’hui deux principales visions s’opposent dans les débats sur la manière de faire face aux défis des sécheresses actuelles et à venir.
Cultures bien souvent inadaptées
Face au manque d’eau, une première vision consiste essentiellement à aller prospecter toujours plus loin ou plus profond pour trouver de nouvelles ressources, parfois jusqu’à la dernière goutte, sans nécessairement s’interroger sur le fonctionnement du système dans sa globalité. C’est l’approche qui permet notamment de maintenir sur les territoires, voire de perfuser, le modèle agricole dominant.
Si en son temps il a permis au pays de rapidement retrouver sa souveraineté alimentaire, depuis il a été largement démontré que ce modèle, qui repose encore trop sur un usage plus ou moins décomplexé de la chimie et du machinisme, a contribué à fortement réduire la capacité des sols à freiner l’eau, la stocker et la laisser s’infiltrer à la faveur de la recharge des aquifères.
L’eau de pluie filant plus vite et en plus grande quantité vers la mer ou l’océan, de manière logique, il en reste moins dans les paysages. Pour pallier le manque d’eau de cultures qui sont bien souvent inadaptées aux contextes de sols et de climats et qui sont de surcroît cultivées sur des sols et des milieux dégradés par de longues années de mauvaises pratiques, cette agriculture a généralement tendance à se tourner vers la recherche de nouvelles ressources en eau sans se poser plus de questions. Dans sa fuite en avant, ce modèle agricole s’oriente en outre de plus en plus vers des solutions dites de la « maladaptation », c’est-à-dire qui accentuent les causes des maux qu’elles sont censées soulager. Les retenues dites « de substitution », ou « mégabassines », en sont l’exemple le plus emblématique.
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