vendredi, octobre 25

La double usine de recyclage de batteries d’automobiles électriques qui devait être mise en service en 2027 à Dunkerque (Nord) ne verra pas le jour, du moins pas dans la configuration prévue. Eramet, le groupe minier français qui portait ce projet avec Suez, avait annoncé il y a un an, s’installer à proximité des futures gigafactories de batteries pour voitures électriques Verkor et Prologium. Une arrivée saluée par les milieux économiques locaux comme cruciale dans cette région des Hauts-de-France qui ambitionne de devenir la vallée européenne de la batterie électrique.

Jeudi 24 octobre, Eramet a annoncé « suspendre » le projet dunkerquois « dans l’attente d’un modèle économique solide et pérenne en Europe ». Dans un communiqué, le groupe précise : « Faute de montée en puissance en Europe des usines de batteries et de leurs composants, il existe aujourd’hui de fortes incertitudes, à la fois sur l’approvisionnement en matières premières de l’usine et sur les débouchés des sels métalliques issus du recyclage. » Si elle se dit toujours persuadée de « la nécessité de développer une économie circulaire des métaux critiques sur le sol européen », la PDG d’Eramet, Christel Bories, justifie cette décision par le fait que « la chaîne de valeur des batteries électriques en Europe connaît un démarrage très difficile ».

Le coup est dur pour l’avenir du projet, mais le retrait d’Eramet et surtout les raisons avancées par l’entreprise sont aussi des signes inquiétants pour le processus de réindustrialisation de la région, qui s’appuie fortement sur la création d’une filière complète de la batterie automobile entre Nord et Pas-de-Calais.

« Trop optimistes »

Observant qu’Eramet parle de « suspension » et non d’abandon du projet, Patrick Vergriete, le maire de Dunkerque, se dit peu inquiet pour le territoire dunkerquois, en pleine restructuration industrielle et qui prévoit 20 000 recrutements d’ici la fin de la décennie. « Il y a dix ans, à Dunkerque, on courrait après les investisseurs. Aujourd’hui, c’est l’inverse, assure l’édile, on est plutôt dans une logique de sélection des projets. » Alors que l’installation des deux gigafactories portées par Verkor et le taïwanais Prologium est sur les rails, il se dit intéressé par de nouvelles installations hors du champ de l’automobile « dont nous sommes un peu trop dépendants aujourd’hui ».

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Avant de recycler les batteries usagées, Eramet-Suez prévoyait de commencer par les rebuts de production des gigafactories annoncées dans les Hauts-de-France dont les mises en service s’étalent jusqu’en 2030. Pour l’instant, seule ACC (Stellantis-Total via Saft et Mercedes) a commencé à produire à Douvrin-Billy Berclau (Pas-de-Calais), mais sans atteindre les objectifs projetés. Sa montée en puissance est beaucoup plus lente qu’annoncé. Yann Vincent, son directeur général, reconnaissait, début octobre, dans La Voix du Nord, avoir « été trop optimistes dans une industrie très compliquée » même si « on produit un peu plus chaque jour ».

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